Helen Mirren est une spécialiste de la métamorphose, selon la réalisatrice Julie Taymor, si bien qu'elle arrive même à changer le sexe de certains personnages connus qu'elle interprète.

L'actrice tient la vedette dans la nouvelle adaptation cinématographique de The Tempest, qui prendra l'affiche vendredi. Elle y interprète le personnage de la sorcière Prospera, plutôt que le Prospero traditionnel de la pièce de Shakespeare.

Elle chaussera ensuite les souliers de John Gielgud dans la nouvelle version du film Arthur, prévue l'an prochain et dans laquelle elle jouera une vieille nourrice qui est comme une mère pour un jeune homme riche et immature.

À 65 ans, la majorité des actrices doivent se contenter de rôles secondaires de grands-mères ou de vieilles tantes. Mais après The Queen, en 2006, Mirren est demeurée occupée et a tenu une grande variété de rôles.

Elle a notamment repris son rôle de la détective Jane Tennison dans Prime Suspect 7: The Final Act. Elle s'est aussi lancée dans une série de films d'action grâce à des rôles dans National Treasure: Book of Secrets avec Nicolas Cage, State of Play avec Russell Crowe et Ben Affleck, ainsi que RED avec Bruce Willis.

Son prochain film, une fable de vengeance sur fond d'Holocauste intitulé The Debt, montrera ce que Mirren décrit comme sa «bagarre gériatrique», alors qu'elle s'opposera à un vieil homme dans un centre pour personnes âgées, prouvant du même coup que les scènes d'action ne sont pas que pour les jeunes.

«La perception de la vieillesse change», a avancé Mirren en entrevue au dernier Festival du film de Toronto où The Debt avait été présenté en septembre dernier. «C'est en grande partie parce que les soi-disant baby-boomers vieillissent, mais refusent d'abandonner leur vie, ou plutôt, ils refusent de ne plus être le centre de l'univers.»

L'expérience de The Tempest est arrivée dans la vie de Mirren lorsque la réalisatrice et elle ont eu la même idée en même temps. L'actrice a assisté à une présentation de la pièce de théâtre lorsqu'elle s'est dit que Prospero - un père monoparental qui élève sa fille sur une île tout en élaborant une vengeance contre de vieux ennemis - pouvait être joué par une femme sans rien changer à l'oeuvre.

Elle a mentionné l'idée à Taymor lorsqu'elle l'a rencontrée. La réalisatrice avait déjà mis en scène des productions de la pièce et songeait déjà à créer une adaptation cinématographique avec une femme dans le rôle principal.

«Le rôle était sien dès que les mots sont sortis de sa bouche, se souvient Taymor. Il y a une vulnérabilité qu'elle donne au côté maternel (de l'histoire) que l'on n'a jamais vue avec Prospero. Et vous croyez aussi en son intelligence, à ce qui se trouve derrière ces yeux, ces yeux incroyables (...)»

«Elle peut faire n'importe quoi, ajoute la réalisatrice. Si on analyse sa carrière, on voit qu'elle a incarné des personnes de pouvoir, des personnes de magie. Elle a joué une reine. Elle a joué plus d'une reine, elle a donc une présence formidable.»