Douze années ont été nécessaires pour transformer le roman Barney’s Version (Le monde de Barney), de Mordecai Richler, en un scénario pour le cinéma qui satisferait le producteur Robert Lantos.

Cette tâche gargantuesque - qui a mené à la production de nombreux scénarios refusés, dont un signé de Richler lui-même - a été suivie d’une autre tout aussi difficile: trouver l’acteur qui pourrait incarner le personnage de Barney Panofsky.

Le personnage étant souvent considéré comme un alter ego de Richler lui-même, trouver le bon acteur pour l’incarner n’a pas été une tâche prise à la légère. Au fil des années, Lantos et son bon ami Richler, qui est décédé en 2001, ont discuté des candidats possibles sans jamais jeter leur dévolu sur un acteur en particulier.

Lantos se souvient avoir parlé avec l’auteur de nombreux acteurs juifs bien connus à Hollywood, mais ceux-ci sont tous trop âgés, aujourd’hui, pour tenir le rôle.

Le producteur se rappelle avoir évoqué les noms de Dustin Hoffman, Richard Benjamin, Elliott Gould, James Caan et George Segal, Mais même à l’époque, ils se trouvaient dans le haut de la tranche d’âge nécessaire pour tenir le rôle d’un homme que l’on voit de la mi-vingtaine à la soixantaine au cours de l’histoire.

Ce n’est que plusieurs années plus tard, lorsqu’il a vu Paul Giamatti dans Sideways (À la dérive), en 2004, qu’il a su qu’il avait trouvé son Barney. Soudainement, il ne pouvait plus imaginer qui que ce soit d’autre dans le rôle.

«Lorsque j’ai vu Sideways (...), je travaillais alors probablement sur le projet depuis cinq ou six ans. (Et je me suis dit): «Ah, Ah! Ok. Hé, Barney!» J’étais véritablement assis dans la salle de cinéma et à un certain moment, j’ai dit: »Salut, Barney!«», se remémore Lantos.
Le réalisateur Richard Lewis affirme qu’il allait de soi qu’il devait convaincre Giamatti d’accepter le rôle.

«À l’origine, je me demandais qui ressemblait à Mordecai. Qui avait des traits semblables, raconte Lewis. Puis, je me suis mis à penser à toute la tranche d’âge et à l’élasticité physique nécessaire pour aller de 20, 25, 28, à 68 ans. (C’est) 40 ans. Et (il fallait trouver) un acteur principal qui aurait l’apparence d’un acteur principal ordinaire.»

Paul Giamatti admet qu’il répondait aux exigences physiques du rôle et souligne qu’il s’est bâti une carrière grâce à des personnages à la personnalité tranchante mais aimables malgré tout.

Les premières critiques ont été élogieuses envers l’acteur, qui a obtenu, plus tôt ce mois-ci, une nomination aux Golden Globes dans la catégorie du meilleur acteur dans une comédie ou une comédie musicale. Il s’opposera à Johnny Depp pour The Tourist et Alice in Wonderland, Jake Gyllenhaal pour Love and Other Drugs et Kevin Spacey pour Casino Jack.
Lantos affirme avoir remis à Giamatti une biographie de Richler, de même que des vidéos et des photos pour l’aider à se préparer pour le rôle de Barney.

Mais l’acteur ne voulait pas être submergé de détails sur la vie de l’auteur et sur le personnage qu’il s’apprêtait à interpréter. Il admet donc avoir mis de côté une grande partie de ce matériel afin de se concentrer sur le Barney Panofsky décrit dans le scénario.
«Je ne voulais pas trop coller au livre, explique Giamatti au sujet du roman de 1997, le dixième et dernier de Mordecai Richler. Je sais que le roman de Barney’s Version constitue de la recherche, d’une certaine façon, (mais comme pour ce qui est) de la recherche historique, je dois en mettre de côté à un certain moment. Il y a des acteurs qui sont plus intelligents que moi et qui peuvent prendre toute cette information et s’en servir, mais c’est trop pour moi.»