L’année 2010 a confirmé la vitalité du cinéma québécois, tant pour la qualité de la production que pour celle de la création. Ici comme à l’étranger, le septième art québécois se porte bien.

Les artisans du film ont pris des risques et osé repousser les conventions établies, à tous les écarts. L’année, sans être faste et sans fracasser des records, a été porteuse de résultats.

Le cru 2010 des productions québécoises se démarque par deux grands thèmes durs et sombres: l’enfance blessée et le deuil. La noirceur a largement dominé les scénarios avec des films coup de poing comme Incendies, Route 132, Trois temps après la mort d’Anna, 10 et demi et Les sept jours du talion.

Ainsi, la dureté des sujets n’a pas freiné l’intérêt des cinéphiles et cet état a été confirmé par l’Institut de la statistique du Québec. De manière assez surprenante d’ailleurs estime Martin Têtu, chargé de projet à l’Observatoire de la culture et des communications.
Helen Faradji, rédactrice en chef du magazine web 24 images, dit avoir noté ce passage obscur, mais mentionne aussi quelques rares bouffées d’air frais, dont Les amours imaginaires de Xavier Dolan. Le jeune réalisateur a été décrit comme l’une des figures marquantes de 2010, selon elle.

Autre tendance qui s’est cristallisée cette année: les producteurs ne redoutent plus non plus la concurrence américaine lorsque vient le moment de lancer des films grand public.

«Avant, les films québécois ne sortaient jamais l’été. On réservait cette période aux productions américaines. Ce n’est plus le cas. Il y a maintenant un souci d’occuper ces espaces pour donner une plus grande place au Québec», indique M. Têtu.

Cet opportunisme se nourrit de grandes réussites passées dont Un homme et son péché en 2002, C.R.A.Z.Y. et Aurore en 2005, Bon cop, bad cop en 2006 et De père en flic en 2009.
«En 2010, il n’y a pas eu ce type de locomotives, mis à part Piché entre ciel et terre. Même Incendies, de Denis Villeneuve, malgré son succès, n’a pas été cherché autant d’audiences. Globalement, la part québécoise de 13 pour cent, enregistrée en 2009, ne sera pas atteinte en 2010», précise M. Têtu.

Ces chiffres ne représentent pas une cible absolue pour Michel Côté, qui tient le rôle titre de la grosse production 2010 sur la vie du commandant Robert Piché.

«Si on ne fait que des films d’auteur, on va avoir un problème, si on ne fait que des comédies populaires, on va avoir un autre problème, je crois que l’équilibre doit se faire et c’est ce que nous avons», soutient le comédien.

Ce son de cloche résonne auprès de Helen Faradji qui considère que les recettes du box office ne constituent pas le seul objectif à atteindre, lorsque l’on parle de réussite.

«Les cinéastes d’ici ont voyagé en 2010, avec leurs films pour bagages. Xavier Dolan a entrepris une conquête de la France, Denis Côté s’est illustré à Locarno, Denis Villeneuve a avantageusement lorgné Venise. Le succès les a attendus dans chacune de ces escales», mentionne la rédactrice du 24 images.

Martin Têtu relève un autre élément, l’arrivée de nouveaux styles, destinés à séduire un public en plus élargi.

«Avec un film comme Le journal d’Aurélie Laflamme, on vient ajouter d’autres marchés et d’autres types de création intéressants. L’idée de thriller, peu présente au Québec, comme Les sept jour du Tallion, s’avère aussi intéressante. Il y a une tendance à la diversification dans les films québécois», souligne avec satisfaction M. Têtu.

Il avance également que le thème du temps des Fêtes n’est pas non plus un créneau exploité présentement. Les derniers films marquant pour cette période de l’année demeurent Bach et Bottine et La guerre des tuques, deux grands succès familiaux qui ont pris l’affiche au milieu des années 1980.