Le photojournaliste indépendant Benoît Aquin s'est porté volontaire auprès du Centre d'étude et de coopération internationale (CECI) dans les heures qui ont suivi le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti.

Quelques jours plus tard, il était du premier vol humanitaire parti du Canada à destination de Port-au-Prince, équipé de son appareil photo. Les clichés qu'il a pris durant cette première semaine, puis la série d'images qu'il a captées sur place trois mois plus tard, sont au coeur de Lavi an pa fini (La vie n'est pas finie), production du service interactif de l'Office national du film, en ligne dès demain midi.

Aquin, photojournaliste reconnu dont le travail a été publié dans La Presse, le Globe and Mail, le magazine Time et le Guardian de Londres, n'en était pas à son premier contact avec le peuple haïtien. Il a visité le pays pour la première fois à l'âge de 4 ans grâce à son père, qui menait des projets de construction dans l'île. «J'y suis allé souvent, mais je n'y était pas retourné en 15 ans.»

Il préparait un retour en Haïti avant le séisme: «Je travaille à un projet sur l'économie et la crise alimentaire, vues sous l'angle paysan, explique-t-il. À mes yeux, Haïti est une destination incontournable: c'est un peuple de paysans.» Le séisme a précipité son retour dans l'île. «J'y étais attiré. Pour mon projet, mais aussi pour y faire du bénévolat.»

En résulte cet essai photographique intitulé Lavi an pa fini, constitué de deux parties mises en musique par Cédric Chabuel et produites par le patron du service interactif de l'ONF, Hugues Sweeney. La plupart des images présentées sont inédites; l'une d'entre elles avait illustré les pages de L'actualité après la tragédie, une douzaine d'autres ont été exposées au Musée de l'Élysée, musée de la photographie de Lausanne, en Suisse.

«Parce que j'étais restreint par mon travail, la première partie du projet présente des images réalisées à «l'heure bleue», soit avant l'aube, soit en fin de journée à Port-au-Prince; elles sont toutes colorées par une lumière bleutée. Durant le jour, j'accompagnais les convois du CECI et je documentais leur travail.»

Vidéoclip

Un court vidéoclip marque une pause dans le visionnement de Lavi an pa fini, puis on retrouve Aquin, quelques mois plus tard, toujours dans les décombres, mais dans des décombres «animés, vivants», nous explique le photojournaliste.

«Je voudrais qu'on retienne du projet que ces gens-là ont vécu une grande tragédie, mais aussi que la vie est forte, affirme Benoît Aquin. J'aime qu'on puisse reconnaître, à travers les images, notre place dans le monde.»

«Ça peut sembler abstrait, poursuit-il, mais ce point de vue nous rassemble, par la petitesse qu'on peut tous ressentir face à ce qui nous entoure. Je n'ai jamais vécu une telle chose; sur place, je ne ressentais pas tout ça. À mon retour à Montréal, j'ai été ébranlé pendant deux semaines. L'ambiance à Port-au-Prince était fébrile en janvier 2010, tous étaient dans l'inconnu de ce qui pourrait arriver, ça se voit dans les photos. À mon séjour suivant, l'atmosphère dans la ville était complètement différente.»

Benoît Aquin prépare une suite à Lavi an pa fini. Le photographe retournera en Haïti dans quelques semaines pour plancher sur son projet de «docualimentaire», puis pour chroniquer l'évolution de la situation dans le pays. «J'espère pouvoir faire un livre avec ces photos», dit-il.

À l'ONF, on indique qu'il s'agit du premier volet «d'un projet de longue durée dans un quartier de Port-au-Prince, dévasté par le séisme, en étroite collaboration avec des partenaires haïtiens», indique Monique Simard, directrice du Programme français de l'Office, dans un communiqué.

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Lavi an pa fini sera en ligne demain à l'adresse onf.ca/haiti