Le cinéma québécois a atteint une très grande maturité mais, pour passer à un autre niveau et aller de l'avant, il devra franchir une étape qui fera sans doute grincer quelques dents: les consolidations des boîtes de production.

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C'est ce que croit le producteur et président de Max Films, Roger Frappier, à qui Ciné-Québec rendra hommage demain soir à l'occasion de sa rencontre annuelle.

«Il y a 12 boîtes qui font des jeux vidéo à Montréal, à peu près 7 boîtes qui font de la télévision, 4 distributeurs et... 137 maisons de production en cinéma. Ça n'a aucun sens. Il faut en arriver à consolider 12 à 15 boîtes qui font de la production de longs métrages depuis plusieurs années et qui sont capables d'établir des liens avec l'international et assurer une continuité sur le plan de la production», nous a-t-il dit récemment au cours d'une entrevue dont de larges pans ont été publiés dans notre numéro de samedi.

Les choses peuvent demeurer telles quelles. Mais ce ne sera pas sans risque. Au nombre actuel de maisons de production, plusieurs ne pourront pas survivre, prévient le producteur. Ou encore, dans le meilleur des cas, le cinéma québécois vivra dans une forme de stagnation.

«Il faut que les maisons de production deviennent assez solides pour établir de véritables liens de coproduction en continuité avec l'étranger et, ainsi, permettre d'augmenter les budgets de nos films, croit-il. (...) Si on veut produire un film de temps en temps qui va sortir du Québec, on continue comme ça. Mais si on veut véritablement construire une industrie à un autre niveau, il faut arriver à la consolider et l'asseoir sur des bases solides.»

À ceux qui défendent l'idée que la multiplicité des boîtes de production signifie l'émergence de nouveaux talents, Frappier énumère les nombreux réalisateurs à qui il a donné la chance de réaliser un premier long métrage: Un zoo la nuit, Borderline, La grande séduction, Un 32 août sur terre, Matroni et moi et plusieurs autres. «Nous n'avons pas peur des premiers longs métrages», dit-il à propos de sa propre maison.

Une formule à changer

Par ailleurs, la sempiternelle formule de la Semaine du cinéma québécois à Paris devrait changer et s'internationaliser, croit Roger Frappier. Selon lui, le cinéma québécois doit sortir de cette ornière constamment orientée vers l'Hexagone.

«Je crois que cette semaine devrait se promener, dit-il, de Paris une année à Rome une autre année, et ainsi de suite, à Tokyo, Rio de Janeiro, Berlin, Pékin, Séoul, etc. Il faut arrêter de toujours frapper sur le même clou français qui nous regarde de haut par rapport à notre cinéma. Les Allemands, les Italiens, les Coréens ont souvent acheté mes films avant les Français. Avec eux, il faut toujours se battre.»