L'artiste et cinéaste américaine Miranda July, qui fit des débuts remarqués au cinéma en 2005 avec Me and You and Everyone We Know, a offert à Sundance la primeur de son nouveau long métrage, The Future, nouvelle plongée dans un monde original, absurde et poétique.

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Le deuxième film de la cinéaste est présenté hors compétition au 27e festival du cinéma indépendant, qui se tient jusqu'au 30 janvier dans la station de sports d'hiver de Park City, dans les montagnes de l'Utah.

Après un premier opus qui avait notamment remporté en 2005 le Prix spécial du jury à Sundance et la Caméra d'Or au Festival de Cannes, le retour de Miranda July au cinéma était très attendu. Elle n'a pas déçu les festivaliers.

Dans The Future - où, comme dans Me and You and Everyone We Know, elle endosse le rôle principal - la cinéaste met en scène un couple de trentenaires décidant d'adopter un chat, histoire de rompre la monotonie de leur vie à Los Angeles, partagée entre leur petit appartement et un travail qu'ils détestent.

Mais avant que l'animal ne rejoigne leur foyer - et dans la crainte que son arrivée les prive de liberté - les deux tourtereaux décident d'envoyer au diable leur travail - téléopérateur et professeur de danse -, de vivre leurs rêves et de profiter du présent.

Si Jason (Hamish Linklater) n'a pas de rêve précis, sinon celui d'attendre que le destin frappe à sa porte, Sophie (Miranda July) sait ce qu'elle veut: enregistrer une scène de danse et la mettre sur le site de vidéos Youtube.

Mais l'entreprise s'avère difficile et Sophie se décourage vite, avant de noyer son chagrin dans les bras d'un inconnu et de mettre son couple en péril.

«D'une certaine manière, elle pense naïvement qu'elle va faire cette chose qu'elle a toujours voulu faire», explique Miranda July à l'AFP. «Mais elle réalise que c'est difficile et paralysant. Pour moi, ce sentiment est vraiment le «méchant» du film», dit-elle.

«On peut avoir, par exemple, une idée de roman formidable. Et le lendemain, en l'écrivant, on se dit «Ce n'est pas si facile»... Et le surlendemain, «c'est vraiment dur!». Et puis, tout à coup, on pense: «Et si je n'y arrivais pas?» C'est le moment où il faut se regarder en face. Mais Sophie ne le fait pas, loin de là. Elle ne veut pas voir qui elle est vraiment», remarque la cinéaste.

Toujours surprenant et inattendu, le film déroule l'histoire du couple sur un mode absurde, largement servi par l'interprétation de Miranda July, silhouette dégingandée aux grands yeux bleus, à la frange d'un autre âge et à la voix monocorde, qui semble toujours en décalage avec la réalité.

Le résultat ne manque pas d'humour, «une seconde nature» pour la cinéaste. «J'en suis consciente au point que parfois, je dois me contrôler et me dire: «OK, cette scène n'a pas besoin d'une réplique amusante»».

Mais l'humour n'empêche pas le drame et la poignante séparation des amants est l'occasion pour la cinéaste de faire basculer son film dans le surnaturel.

«Quand je montais mon premier film, j'étais en pleine rupture sentimentale et j'allais vraiment très mal. C'était comme si le monde s'était soudainement retrouvé à l'envers. Plus rien n'était normal», se souvient-elle. «C'est pourquoi que je ne pouvais pas représenter la séparation de façon réaliste».

Paradoxalement, malgré son titre, le film se veut aussi un éloge du temps présent. «Moi-même, je suis toujours en train de chercher quelque chose à faire après», dit-elle. «C'est bien car cela veut dire que j'aime travailler dur. Mais cela veut dire aussi que je ne suis jamais vraiment dans le présent. Et il faut donner sa chance au présent».