Si l'on exclut les films américains, un film sur sept est canadien cette année au Festival du film de Sundance, une présence imposante considérant le nombre élevé de projets soumis au célèbre festival de films indépendants de Park City, qui se déroule jusqu'au 30 janvier. Mieux, les 14 films canadiens qui y sont présentés figurent dans plusieurs des catégories du festival. «C'est certainement l'une des présences les plus diversifiées des dernières années», croit la directrice générale de Téléfilm Canada, Carolle Brabant.

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En plus des huit courts métrages - dont deux ont été réalisés par les Montréalais Jérôme Sable et Tao Gu -, six longs métrages y sont projetés, dont Incendies, de Denis Villeneuve (acheté récemment par Sony et présenté hors compétition dans la catégorie Spotlight) et Le vendeur, de Sébastien Pilote, dans la catégorie des films dramatiques.

Le réalisateur saguenéen, qui a déjà présenté un court métrage à Locarno en 2007 (Dust Bowl Ha! Ha!), en est à sa première participation au festival de Sundance: «J'aime beaucoup l'énergie et la frénésie de ce festival», nous a-t-il dit au cours d'une brève conversation téléphonique, hier.

Thème universel

La présentation de son film a eu lieu vendredi dernier dans la mythique salle L'Égyptien de Park City. «J'étais vraiment très nerveux, nous a dit le réalisateur de 37 ans. Mais la salle était pleine et le film a été très bien reçu. Nous avons été très sollicités après la projection!»

Le film, que le L.A. Times a qualifié d'«un des films étrangers les plus prometteurs de la compétition», met en scène un vendeur de voitures neuves (Gilbert Sicotte) de la région de Saguenay frappée par la crise économique. «Lui va bien, c'est le meilleur vendeur du concessionnaire depuis 14 ans! Mais à cause du contexte économique, sa ville est en train de s'effacer», explique Sébastien Pilote.

Il y est question de la fermeture d'une papeterie et de la relation qu'entretient le vendeur avec un homme au chômage qui lui achète une voiture. «Je m'attendais à ce que le thème du chômage et de la crise économique ait une certaine résonance ici, mais pas à ce point.»

Le film, présenté à six reprises pendant le festival, a été projeté pour le grand public dans une grande salle de Salt Lake City le lendemain (samedi dernier). Encore une fois, la salle était pleine. Et les témoignages de gens touchés par le propos du film ont apparemment été nombreux.

«J'ai été impressionné par la qualité d'écoute des cinéphiles, avoue le réalisateur. Parce qu'il y a une certaine lenteur et une grande tristesse dans le film. Durant la période de questions, après la projection, presque tout le monde est resté. Et Gilbert a reçu une ovation. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit: enfin un film qui parle de nous!»

En attendant sa sortie en salle l'automne prochain, le film (dont la musique a été composée par Pierre Lapointe) continuera de voyager. Il doit être présenté au Marché de Berlin à la mi-février (avec Curling, de Denis Côté, et L'appât, d'Yves Simoneau) et il est peut-être question d'une projection (hors compétition) à Cannes, mais rien n'est encore confirmé.

Visibilité

Pour Carolle Brabant, la forte présence canadienne sur le circuit des festivals est le résultat d'un effort continu déployé par Téléfilm au fil des ans pour trouver des distributeurs étrangers et encourager les coproductions afin d'augmenter la visibilité des films canadiens.

«Le film de Sébastien Pilote a été repéré par les sélectionneurs de Sundance lors d'une projection spéciale de 80 films faite à Montréal au mois d'août, souligne la directrice générale. Je peux déjà vous dire qu'un distributeur français s'est montré intéressé au Vendeur et que la société américaine Magnet s'apprête à acheter les droits de Hobo With a Shotgun du Torontois Jason Eisener. D'autres distributeurs sont en pourparlers avec les producteurs de ces deux films.»

Parmi les autres films québécois à avoir été présentés récemment à Sundance, rappelons la projection des 7 jours du talion de Podz, l'an dernier, et de Next Floor de Denis Villeneuve, en 2009.