L'actrice Ludivine Sagnier, «électron libre» du cinéma français, savoure sa première sélection au Festival de Sundance avec le film The Devil's Double, dans lequel elle endosse les habits aussi légers qu'inattendus de la maîtresse d'un fils de Saddam Hussein.

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The Devil's Double, signé Lee Tamahori, est présenté hors compétition au festival du cinéma indépendant, qui se tient jusqu'à dimanche à Park City.

«C'est un honneur pour moi d'être à Sundance, car c'est un peu l'eldorado du cinéma indépendant», déclare l'actrice de 31 ans à l'AFP.

«Sundance et (le festival du cinéma de New York) Tribeca, pour moi ce sont vraiment des événements importants du cinéma international. La programmation et le public y sont d'une qualité rare. On n'est pas dans le box-office, mais vraiment dans la qualité et l'originalité», dit-elle.

The Devil's Double, inspiré de faits réels, retrace la relation explosive entre Oudaï, le fils aîné et totalement incontrôlable de l'ancien leader irakien Saddam Hussein, et Latif Yahia, le sosie qu'il s'était choisi pour le remplacer - interprétés tous deux par l'acteur britannique Dominic Cooper.

Ludivine Sagnier y interprète le rôle de Sarrab, l'une des nombreuses maîtresses d'Oudaï, qui finira par tomber amoureuse de son double.

«Au début, quand on m'a parlé du rôle, je n'étais pas très enthousiaste car on me parlait d'un rôle de prostituée irakienne. Je me disais que je n'avais vraiment rien à voir là-dedans!», explique la comédienne.

«Mais Lee Tamahori a insisté. Et quand j'ai lu le scénario, je me suis dit que cette histoire était incroyable et que je voulais vraiment en faire partie. Lee a su me convaincre qu'avec les perruques, le maquillage, on pourrait construire un personnage du Moyen-Orient. Et puis il m'avait vu dans Mesrine et il pensait que j'étais parfaite en femme de gangster!».

«Sarrab est prisonnière d'un système. Elle a été choisie par un homme qu'elle n'aime pas et n'a pas d'autre choix que de faire avec. Elle est tout le temps dans la représentation, dans une attitude complètement feinte, en train de tricher, de faire semblant. Donc le décalage physique ne me dérangeait pas, parce qu'elle-même s'est créée un personnage», observe la comédienne.

Au sein d'une filmographie riche de plus de trente films, Ludivine voit le rôle de Sarrab, qu'elle interprète en anglais, comme «une couleur un peu flashy dans le tableau de (sa) carrière. Moi qui aime faire des choses différentes, je n'ai pas été déçue».

??la question de savoir si elle aimerait, comme Marion Cotillard, développer une carrière à Hollywood, Ludivine Sagnier assure qu'elle «ne rêve pas de travailler dans une superprodction américaine, même si cela fait certainement partie des expériences à avoir dans la vie».

«Mais il n'y a pas qu'Hollywood qui m'intéresse», ajoute-t-elle. «J'ai aussi envie de travailler en Corée, au Mexique, en Chine... L'idée d'être un électron libre me plaît. Je me sens bien dans la diversité, dans la liberté et l'indépendance».

L'actrice, qui vient de finir le tournage des Bien-aimés de Christophe Honoré, où elle partage notamment l'affiche avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Milos Forman, se verrait bien, un jour, dans un film d'époque.

«Le 18e et le 19e siècle m'attirent. Les femmes avaient une place différente dans la société, les codes sociaux n'étaient pas les mêmes, on avait une autre façon de s'exprimer», dit-elle...

Et de citer, parmi les réalisateurs avec lesquels elle aimerait tourner, le Mexicain Alfonso Cuaron ou l'Autrichien Michael Haneke.