Un an après l’Oscar du meilleur court métrage animé décerné au film français Logorama, l’animation française espère remporter dimanche à Hollywood une nouvelle statuette dans cette catégorie, avec Madagascar, carnet de voyage, de Bastien Dubois.

Le réalisateur de 27 ans foulera dimanche le tapis rouge du Kodak Theater avec son producteur, Ron Dyens, dans l’espoir d’ajouter la précieuse statuette à une longue liste de prix déjà récoltés dans les festivals internationaux.

La concurrence sera sévère, avec notamment un court métrage de Pixar, le studio américain qui a signé Toy StoryUp ou Le monde de Nemo. Mais avec son beau film en forme de carnet de voyage animé et la cote d’amour de l’animation française à Hollywood, Bastien Dubois a toutes ses chances.

Le film trouve sa lointaine origine dans un voyage en auto-stop entre Lille et Istanbul. «J’en avais rapporté un carnet de voyage que j’avais voulu essayer de publier», explique le cinéaste à l’AFP. «Et puis j’ai commencé à étudier l’animation en 3D et c’est là qu’est venue l’idée d’un carnet de voyage animé».

«Sachant que je n’avais sans doute pas le niveau d’écriture ou de dessin pour rivaliser avec les pointures du carnet de voyage, je me suis dit que je pourrais peut-être le faire en animation. Cela me semblait plus intéressant et plus novateur».

C’est une amie étudiante d’origine malgache qui lui parle de la Grande Ile et le convainc d’en faire le sujet de son film.

Après avoir réuni le financement, il part donc à Madagascar avec tout son matériel, «avec l’idée d’y rester un an et demi pour faire le film sur place, sans jamais avoir mis les pieds là-bas ni dans aucun pays d’Afrique».

Finalement, il restera dix mois à Antananarivo et y réalisera environ la moitié du film, qu’il finira à Paris.

Madagascar, carnet de voyage, visuellement très séduisant, reprend l’idée des carnets dans lesquels le voyageur mélange textes, dessins, croquis et objets. Bastien Dubois a donc multiplié les techniques et les matières, insérant des objets réels dans ses plans et passant librement du dessin à l’aquarelle, de la peinture à l’esquisse.

«Quand je voyage et que je fais des carnets, généralement j’emporte plein de matériel différent avec moi», dit-il. «Si je vois un sujet, je vais m’orienter instinctivement vers la couleur ou le noir et blanc, une méthode plus sèche ou plus humide... La diversité de techniques, comme les collages, les petits objets, ajoute aussi à la sensation de carnet de voyage», affirme-t-il.

Quasiment né avec un crayon dans les mains -- ses parents sont tous les deux dessinateurs -- Bastien Dubois, originaire de la région lilloise, a fait ses études de dessin à l’école d’arts appliqués de l’ESAAT, à Roubaix.

«J’ai fait mes premiers tests d’animation au collège, assez tôt. Mais je n’ai pas pensé tout de suite à devenir animateur», raconte-t-il. «L’animation, c’est surtout venu en faisant des petits jeux vidéos. J’avais davantage dans l’idée de faire des choses interactives pour l’internet que de raconter des histoires ou faire des films», affirme-t-il.

Mais le saut dans le cinéma est désormais bel et bien franchi et Bastien Dubois travaille déjà sur son deuxième court métrage, qui évoquera un aspect de l’histoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. «Mais ce ne sera pas un carnet de voyage!», assure-t-il.