Tom Hooper, qui a remporté dimanche l'Oscar du meilleur réalisateur pour The King's Speech, est un passionné d'histoire, qui s'est d'abord fait un nom avec des films pour la télévision basés sur de célèbres personnages et leur combat.

Le film qui lui vaut la récompense la plus courue dans le monde du cinéma n'échappe pas à la règle, puisqu'il raconte l'histoire vraie de George VI en butte à un bégaiement tenace. Mais ce film a une résonance toute particulière pour le réalisateur de 38 ans, de père britannique et de mère australienne.

C'est «mon film le plus personnel», a-t-il reconnu dans une interview au journal britannique Evening Standard.

En recevant sa statuette, le réalisateur a rendu hommage à sa mère en expliquant qu'elle était à l'origine de ce film.

«Il y a eu beaucoup de remerciements aux mères, mais ici c'est un peu différent», a-t-il raconté. «Car en 2007 ma mère a été invitée par des amis australiens, à Londres, à assister à la lecture d'une obscure pièce de théâtre, qui n'avait été ni produite ni répétée, appelée The King's Speech. Elle n'avait jamais été invitée à assister à la lecture d'une pièce auparavant. Elle a failli ne pas y aller car cela ne semblait guère prometteur, mais Dieu merci, elle y est allée», a-t-il relaté.

«Elle m'a appelé après, m'a dit: Tom, je crois que j'ai trouvé ton prochain film», a-t-il poursuivi, concluant que «la morale de cette histoire est qu'il faut toujours écouter sa mère».

Quasiment toute la filmographie de ce réalisateur, remarqué avant tout pour ses téléfilms, témoigne de sa passion pour l'histoire. Il décroche avec la série télévisée John Adams (2008), qui relate la vie du deuxième président des Etats-Unis, le plus grand nombre d'Emmy Awards jamais accordés à un feuilleton en une seule année.

Ses films pour la chaîne américaine HBO Elizabeth I (2005), consacrée à l'une des plus célèbres souveraines d'Angleterre, et Longford (2006), qui retrace le combat véridique d'un pair britannique pour la libération conditionnelle d'un assassin au XXe siècle, lui valent aussi plusieurs prix.

Avant Hollywood, Tom Hooper, réputé pour être une bête de travail, a fait ses armes à la télévision britannique, en dirigeant notamment des épisodes du feuilleton à succès EastEnders.

Son premier long métrage pour le cinéma n'échappe pas à la règle de son appétit pour l'histoire. Red Dust (2004) retrace le combat d'un policier accusé de torture pendant l'Apartheid. Et avant The King's Speech,» il reprend dans The Damned Unite (2009) l'histoire vraie des 44 jours durant lesquels, en 1974, Brian Clough a été l'entraîneur du club de foot des «Leeds United».

Avec son dernier film, il compte marquer l'histoire du cinéma à sa manière. The King's Speech a coûté 13 millions de dollars, un budget sage pour un long métrage. «Je ne suis plus prisonnier de la pensée traditionnelle qui consiste à dire qu'on ne peut faire un gros succès qu'avec un gros budget. Ce film a en quelque sorte changé la donne», se réjouit-il.