The King’s Speech est ressorti grand vainqueur de la 83e soirée des Oscars en enlevant quatre statuettes dans des catégories de pointe : meilleur film, meilleure réalisation (Tom Hooper), meilleur acteur (Colin Firth) et meilleur scénario original (David Seidler). À vrai dire, la soirée s’est déroulée en tous points selon le scénario prévu.

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S’il y avait lieu de croire qu’Incendies avait de bonnes chances de l’emporter dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, notamment à cause de son propos en phase avec l’actualité, les membres de l’Académie ont néanmoins préféré couronner un autre candidat. Le très beau film de la Danoise Susanne Bier, In a Better World (à l’affiche au Québec le 15 avril), a ainsi décroché l’honneur tant convoité.

La réalisatrice, déjà sélectionnée dans cette catégorie il y a quatre ans grâce à After the Wedding, s’est dite «extrêmement honorée» par cette consécration, et n’a pas manqué de souligner la qualité des autres films sélectionnés. Elle a aussi tenu à souligner le soutien dont elle a profité de la part de son distributeur américain, Sony Pictures Classics, le même qu’Incendies.

Le Montréalais Adrien Morot, nommé grâce à son travail sur Barney’s Version, a aussi dû concéder la victoire. The Wolfman l’a emporté dans la catégorie du maquillage.
Aucune surprise

Pour le reste, la soirée n’a donné lieu à aucune surprise. Natalie Portman, remarquable dans Black Swan, a été sacrée meilleure actrice. La jeune femme n’a pas manqué de rappeler les qualités de «visionnaire» du cinéaste Darren Aronofsky, et a aussi salué Luc Besson, le réalisateur qui lui a donné sa première chance dans The Professional (Léon).

Colin Firth, déjà nommé l’an dernier grâce à A Single Man, a reçu l’Oscar du meilleur acteur. «J’ai l’impression que ma carrière vient d’atteindre son sommet!» a-t-il déclaré en recevant la précieuse statuette des mains de Sandra Bullock.

Confirmant aussi tous les pronostics, Melissa Leo et Christian Bale, impressionnants dans The Fighter, ont été plébiscités dans les catégories d’interprétation de soutien.

Contenant mal son enthousiasme, Melissa Leo, nommée il y a deux ans grâce à Frozen River, s’est d’abord fait pincer par le présentateur Kirk Douglas. Elle a ensuite employé le mot qui commence par «f» et qui est habituellement censuré par les grandes chaînes de télévision américaines. Assisterons-nous à la même folie qui a entouré l’affaire du «nipplegate» de Janet Jackson au Super Bowl? Imposera-t-on dorénavant une retransmission en différé de quelques secondes aux Oscars comme on le fait pour certains autres événements? Cela reste à voir. La coanimatrice Anne Hathaway n’a en tout cas pas manqué de reprendre la balle au bond en évoquant des Oscars plus «jeunes» et plus «hip»!

Quant au match appréhendé entre les deux favoris de la course, il s’est soldé par une victoire décisive. The King’s Speech l’a clairement emporté sur The Social Network, bien que les deux films aient obtenu l’Oscar du meilleur scénario dans leur catégorie respective. Le vétéran britannique David Seidler a mis la main sur l’Oscar du meilleur scénario original pour The King’s Speech; Aaron Sorkin en a fait de même pour The Social Network dans la catégorie du meilleur scénario adapté. Le film de David Fincher, qui relate la naissance de Facebook, a aussi obtenu l’Oscar du meilleur montage, de même que celui de la meilleure trame musicale.

La superproductionInception a obtenu quatre Oscars du côté technique (direction photo, effets visuels, mixage sonore et montage sonore), et Alice in Wonderland s’est distingué dans les catégories de la meilleure direction artistique et des meilleurs costumes. 

True Grit
est sans contredit le grand perdant de la soirée. Aucune de ses 10 nominations ne s’est transformée en statuette.

Par ailleurs,Inside Job, film sur la récente crise financière, a obtenu l’Oscar du meilleur documentaire dans une catégorie où l’on notait plusieurs candidatures très solides. «Dois-je rappeler que, même si la crise mondiale fut entièrement créée par la fraude, aucun financier n’est encore en prison?» a fait remarquer le réalisateur Charles Ferguson.

Côté spectacle, l’Académie a fait appel à Anne Hathaway et à James Franco pour animer le gala, histoire d’attirer aussi un public plus jeune au grand rendez-vous hollywoodien. Le duo s’est révélé charmant. On retient notamment un excellent numéro d’ouverture dont la facture n’était pas sans rappeler l’approche qu’empruntait Billy Crystal à l’époque.

À partir du concept d’Inception, les deux animateurs se sont en effet retrouvés dans de nombreux extraits de films. L’autodérision était aussi au rendez-vous. Cela dit, les discours de remerciements furent convenus dans l’ensemble. On a déjà vu soirée plus dynamique.

Les lauréats

> MEILLEUR FILM : The King's Speech

> MEILLEURE ACTRICE : Natalie Portman (Black Swan)

> MEILLEUR ACTEUR : Colin Firth (The King's Speech)

> MEILLEURE RÉALISATION : Tom Hooper (The King's Speech)

> MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE : Christian Bale (The Fighter)

> MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE : Melissa Leo (The Fighter)

> MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL : David Seidler (The King's Speech)

> MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTÉ : Aaron Sorkin (The Social Network)

> MEILLEUR FILM EN LANGUE ÉTRANGÈRE : In a Better World (Danemark)

> MEILLEURE DIRECTION PHOTO : Inception

> MEILLEURE DIRECTION ARTISTIQUE : Alice in Wonderland

> MEILLEURE MUSIQUE : The Social Network

> MEILLEURE CHANSON : We Belong Together (tirée du film Toy Story 3)

> MEILLEUR MIXAGE SONORE : Inception

> MEILLEUR MONTAGE SONORE : Inception

> MEILLEUR MONTAGE : The Social Network

> MEILLEUR MAQUILLAGE : The Wolfman

> MEILLEURS COSTUMES : Alice in Wonderland

> MEILLEURS EFFETS VISUELS : Inception

> MEILLEUR FILM D'ANIMATION : Toy Story 3

> MEILLEUR DOCUMENTAIRE : Inside Job

> MEILLEUR COURT MÉTRAGE : God of Love

> MEILLEUR COURT MÉTRAGE D'ANIMATION : The Lost Thing

> MEILLEUR COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE : Strangers No More