Alcoolique et accro aux drogues pendant des années, Steve-O, l'une des têtes d'affiche de Jackass, est sobre depuis près de trois ans. Il est aussi végétalien mais se défend d'être devenu «plate». Il le prouve dans Jackass 3D, dont le DVD sort mardi. Conversation suivie et sensée - oui, monsieur!

«Oh, il y a trois ans, j'en accordais en masse, des entrevues téléphoniques. Mais ce que je racontais n'avait pas de sens. Euh... je pense», rigole Steven Glover, dit Steve-O, joint au téléphone par La Presse pour parler de Jackass 3D.

La voix est éraillée. Le ton, traînant. Le rire, un peu baveux. Hé, on est un jackass ou on n'en est pas un! Pas de demi-mesure dans cette... profession qui est celle de Steve-O depuis plus de 10 ans. Une constante dans une vie qui a subi pas mal de remaniements au cours des dernières années. Il le fallait. Alcool et drogues faisaient partie de son quotidien. Ce n'est plus le cas depuis près de trois ans. «Ma date anniversaire de sobriété est le 10 mars», dit-il. Pour cela, il peut remercier les copains.

Petit retour en arrière. Maintenant âgé de 36 ans, Steve-O est connu des fans de Jackass comme celui qui ingurgite n'importe quoi. Oui, et souvent, le vomit. Amusant quand on pense que ce décrocheur a commencé à gagner un peu d'argent, en 1994, en jouant les cobayes dans un centre de recherches médicales. Moins amusant, par contre, que le «n'importe quoi» ait, longtemps, aussi compris son lot d'alcool et de drogues absorbés, eux, à des fins... disons, personnelles.

Avec l'aide de Johnny Knoxville et des autres membres de la bande, Steve-O s'est pris en main. Il est même devenu végétalien. Un mode d'alimentation qui ne l'empêche pas d'absorber, dans Jackass 3D, la sueur dégoulinant dans la raie des fesses d'un obèse; le venin d'abeilles en furie qui l'attaquent parce qu'il se sert de leur nid comme d'une piñata; et, possiblement, de la «matière brune» éjectée des toilettes chimiques dans lesquelles il est assis lors de l'opération Poo Cocktail Supreme.

Steve-O un jour, Steve-O toujours. Malgré le fait qu'il ait maintenant les idées claires, il plonge tête première dans les «niaiseries» qui lui ont fait atteindre des sommets de popularité. «Je n'ai pas plus ou moins peur qu'avant, mais je n'ai pas envie de me tuer ou de rester paralysé après une cascade. Je fais attention à moi, mais... je suis toujours allé assez loin et je continue de le faire. Je ne veux pas qu'on pense que je suis devenu plate.»

Ce qu'il ne referait pas? «Les requins!» Un hameçon à la bouche, il avait joué les appâts dans des eaux infestées de ces charmants poissons. L'esprit brumeux ou pas, il avait eu peur. De ça, il n'a jamais redemandé. Contrairement aux fans, qui suivent, rigolent. Et parfois l'imitent.

Responsabilité?

Sentiment de responsabilité, ici? «Pas aujourd'hui. Avec YouTube, Facebook et les nouveaux médias, n'importe qui peut faire n'importe quoi et le diffuser. Nous sommes pas mal moins gros que les réseaux sociaux», dit Steve-O, pour qui le succès de ces cascades extrêmes s'explique par le côté voyeur des gens. «S'il y a un accident sur l'autoroute, tout le monde va ralentir pour regarder», dit-il. Les Jackass «parlent» donc à cette facette de l'humain, en se livrant à des actes dangereux, scatologiques, stupides, grossiers. Et inconcevables... sauf par eux: «Nos idées, on les trouve dès qu'on se met à penser à des choses qu'on ne voudrait pas faire. On met alors tout en oeuvre pour les faire.»

Ça donne le très bien nommé Helicockter, Tee Ball (collision à vitesse grand V entre une balle et des balls) ou encore ce parcours du combattant mené entre des pistolets électriques de type Taser qui tournoient d'imprévisible façon. Jackass 3D, c'est ça - et bien plus.

Mais cela n'occupe plus tout l'emploi du temps du Steve-O nouveau: il vient d'écrire son autobiographie (elle sera lancée le 7 juin) où il dit «tout, probablement trop» et il fait une tournée mondiale de bars dans lesquels il fait des numéros de stand-up. «Et des cascades en direct», conclut-il. Steve-O, sors de ce corps... ou pas!