Accepter un rôle dans un film tourné en captation de mouvements (motion capture), c'est s'engager à jouer sans décors ni accessoires, dans une combinaison bleue qui vous saucissonne. Traumatisant ou jouissif? Les artisans de Mars Needs Moms se prononcent.

«Comparer la technologie de Polar Express à celle de Mars Needs Moms, c'est l'équivalent de comparer les premiers téléphones cellulaires, gros comme des valises, au iPhone», assurait Seth Green lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles.

La technologie en question est celle de la captation de mouvements (motion capture ou mocap). Celle qui a donné vie, avec succès, aux Na'vis d'Avatar et au Gollum de The Lord of the Rings. Celle dont le plus ardent promoteur est probablement le producteur Robert Zemeckis, qui l'a utilisée pour Polar Express, Beowulf, A Christmas Carol et, maintenant, Mars Needs Moms. Lesquels, eux, mettent en scène des êtres imaginaires, mais aussi des êtres humains. C'est là que le bât blesse: aux yeux du public, hommes, femmes et enfants issus de cette technologie ressemblent à des morts vivants - pas dans le sens de zombies, mais de personnes embaumées qui se mettraient à bouger.

Mais grâce à l'évolution de la technologie, c'est chose du passé, assure le producteur, appuyé en ce sens par Seth Green qui, grâce à la magie du mocap, incarne un garçon de 9 ans dans le nouveau film de Simon Wells (The Time Machine). Il s'appelle Milo. Et il en a gros sur la patate: sa mère (Joan Cuzak) est toujours sur son dos pour qu'il sorte les poubelles, pour qu'il range sa chambre et, ce soir, pour qu'il mange son brocoli. Dispute. Regrets. Milo décide de demander pardon à maman... juste au moment où elle est kidnappée par des extraterrestres!

Le garçon n'y pense pas à deux fois, embarque en catimini dans le vaisseau, atterrit sur Mars. Où il rencontre un type qui parle comme un humain des années 80 (Dan Fogler); une jeune Martienne rebelle (Elisabeth Harnois); un Martien poilu et joyeux (Kevin Cahoon). Tous, vivant en marge d'une société dirigée par l'implacable Supervisor (Mindy Sterling), dans laquelle seule l'autorité est prisée. C'est pour cela que tous les 25 ans, à la naissance de bébés martiens, une maman terrestre qui sait se faire obéir est enlevée, son essence insufflée à des robots qui prendront en charge l'éducation des nouveaux-nés.

Adaptation

Pour dire cette histoire, les comédiens ont tourné pendant les 26 jours dans un grand studio... vide. Des marques sur le sol et les murs. C'est tout. «J'ai travaillé avec Anthony Hopkins, Tom Hanks. D'abord, ils s'ennuient du costume, qui les aide à créer le personnage. Mais au bout du compte, ils adorent l'expérience», assure Robert Zemeckis.

Il en va de même pour la distribution de Mars Needs Moms. Une fois la période d'adaptation passée. Comprendre: les premières heures à se côtoyer dans une combinaison moulante, des points sur le visage, un casque muni d'antennes sur la tête.

«Quand on se voit là-dedans pour la première fois, on se regarde justement comme si on était des Martiens», pouffe Kevin Cahoon. «Mais après, c'est très libérateur de ne pas avoir à penser à notre image», poursuit Mindy Sterling. «Pas de maquillage ni de coiffure. Vingt minutes pour placer les marqueurs sur le visage et on est prêts», continue Joan Cusack. «À partir de là, c'est comme jouer au théâtre: tout pour le jeu», assure Dan Fogler.

Et pour jouer, ils jouent vraiment. Seth Green est catégorique: «Ce tournage a été le plus épuisant de ma carrière. J'ai passé 85 % du tournage à porter un harnais, à sauter, à tomber, à grimper», rigole-t-il. Si ça ne s'appelle pas du jeu, ça! «Au coeur du mocap, il y a l'acteur, l'art de l'acteur, un art qui vaut de l'or, assure alors le producteur Steve Starkey. En animation traditionnelle, l'animateur tient le crayon. En mocap, l'acteur est l'animateur, c'est lui qui tient le crayon.»

À partir de là, «dessine-moi» un humain. Ou un Martien. Ou, pourquoi pas, un mouton...

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Mars Needs Moms (Des mamans pour Mars) prend l'affiche le 11 mars. Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.