Après le succès du film de Joann Sfar, Gainsbourg vie héroïque, le «biopic», ou biographie sur grand écran, est le genre en vogue de l’année, de Dalida à Margaret Thatcher ou au chanteur français Claude François.

S’il n’est pas tout à fait nouveau - voir les Danton, Gandhi, ou plus récemment JFK d’Oliver Stone ou Édith Piaf incarnée par Marion Cotillard - le cinéma s’empare sans complexe désormais de personnages contemporains dont les héritiers ou descendants pourraient trouver à s’émouvoir.

Aux États-Unis, Leonardo Di Caprio est déjà entré dans la peau du trouble patron du FBI, Edgar Hoover, pour Clint Eastwood.

Deux biographies de Marilyn Monroe sont en cours si l’on en croit les journaux: l’une, My Week With Marilyn, avec Michelle Williams (Shutter Island, Blue Valentine) évoque sa difficile collaboration avec l’acteur-réalisateur britannique Laurence Olivier sur le tournage de Le prince et la danseuse. L’autre, avec Naomi Watts, est adapté du roman Blonde, de Joyce Carol Oates.

Côté rock, le biopic de Tupac Shakur, attendu par ses fans depuis l’assassinat du rappeur en 1996, a surmonté les réticences de sa mère: aux dernières nouvelles, le casting est en cours. Et le tournage d’une vie de Freddie Mercury, le leader de Queen, est imminent, avec Sacha Baron Cohen (Borat) dans le rôle titre - sans aborder les dernières années sida.

Enfin, Martin Scorsese s’intéresse depuis de nombreuses années à une vie de Frank Sinatra, mais s’il est passé d’abord à L’invention d’Hugo Cabret, en partie tourné à Paris, c’est parce qu’il est difficile d’évoquer les nombreuses facettes de la méga star italo-américaine, y compris ses liens avec le crime organisé, sans froisser sa fille Tina...

En France, le Claude François, vedette de la chanson française des années 1970, que l’acteur Jérémie Rénier, stupéfiant de ressemblance, s’apprête à incarner sous la direction de Florent Emilio Seri - le tournage commence mercredi pour cinq mois - est en gestation depuis une dizaine d’années, coproduit par les deux fils du chanteur.

«Je les connais depuis longtemps et je connais même assez bien Claude Junior. C’est moi qui les ai poussés, parce qu’ils avaient un peu peur», a expliqué l’acteur à l’AFP. Le film, confie-t-il, entend «vraiment» raconter l’homme, ses parts d’ombre, ses retranchements : les fils avaient «un peu peur de divulguer des secrets qui auraient pu nuire à l’image de leur père».

De même, la vie de Dalida, ex-Miss Égypte devenue la super star aux 130 millions de disques vendus mais constamment malheureuse, sera portée à l’écran l’année prochaine «avec la collaboration d’Orlando», frère aîné de la chanteuse qui devint son agent.

Le nom du metteur en scène n’est pas encore arrêté; mais c’est la jeune comédienne Nadia Farès (L’ex-femme de ma vie) qui tiendra le rôle titre, dans un scénario cosigné par Lisa Azuelos, productrice, réalisatrice et scénariste.

Mais le modèle est parfois encore bien vivant: l’exemple le plus fascinant est la réalisation en cours de La conquête, sur l’ascension de Nicolas Sarkozy vers l’Élysée, avec Denis Podalydès dans le rôle du candidat. Ou La dame de fer, avec l’actrice américaine Meryl Streep, sortie de Mamma Mia! et perruquée, pour figurer une Margaret Thatcher plus vraie que nature.

L’ex-Premier ministre britannique, en fonction de 1979 à 1990, aujourd’hui âgée de 85 ans, n’est pas sortie de la réserve qu’elle s’impose depuis 2002 pour commenter l’affaire.

Très épique et politique aussi, Luc Besson s’est attelé en secret en Thaïlande voisine à une vie filmée de l’opposante birmane et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, sous les traits de la star hollywoodienne d’origine malaisienne Michelle Yeoh.