Après avoir enchaîné plusieurs comédies romantiques, Matthew McConaughey revêt de nouveau le costume d'avocat pour incarner le héros du roman de Michael Connelly, que porte à l'écran le jeune cinéaste Brad Furman. Du coup, l'acteur réalise un fantasme de jeunesse.

«Bien sûr, tout le monde établit un lien avec A Time to Kill, un film dont les gens me parlent encore très souvent, même aujourd'hui!» À l'évidence, Matthew McConaughey tient la forme ces jours-ci. Tiré à quatre épingles pour rencontrer les journalistes réunis dans un grand hôtel de Los Angeles mercredi dernier, l'acteur va presque au-devant des questions tellement l'enthousiasme l'emporte.

«Les séances de promotion sont intenses mais, étrangement, je ne suis pas fatigué du tout cette fois. Je crois que cela tient au fait que j'ai beaucoup à dire sur ce film. Je sens aussi un intérêt accru de la part de la presse.»

Il est vrai que les productions dans lesquelles M. McConaughey a tenu l'affiche au cours des récentes années ne sont pas toutes passées à l'histoire. Quelques-unes d'entre elles ont néanmoins obtenu du succès. De How to Lose a Guy in 10 Days jusqu'à Ghosts of Girlfriends Past, en passant parFool's Gold, Surfer Dude, Failure to Launch et autres Sahara, l'acteur s'est fait une niche dans la comédie romantique, un genre très fréquenté dont les codes sont pourtant très rigides.

«À mes yeux, ce sont des rôles du samedi après-midi, lance-t-il en riant. C'est-à-dire que l'approche est plutôt «relax». On n'a pas à chercher bien loin pour trouver le personnage, ni sa motivation. Tout le monde connaît l'issue de l'histoire d'avance. Ces films restent agréables à faire et à regarder, remarquez. Mais pour un acteur, il n'y a pas là de véritable défi. Un personnage comme celui de The Lincoln Lawyer, ça c'est un rôle du lundi matin. C'est-à-dire qu'on doit le travailler, plonger ses mains dans le cambouis s'il le faut.»

Des points communs

Dans cette adaptation du roman de Michael Connelly, McConaughey incarne Michael «Mick» Haller, avocat défendant les causes des criminels les plus poqués du centre-ville de Los Angeles. Il mène pratiquement ses affaires du siège arrière de la vieille Lincoln que son chauffeur conduit. D'où le titre. Une affaire inattendue lui tombe dans les mains: la défense d'un jeune playboy de Beverly Hills (Ryan Phillippe) issu d'une famille richissime, accusé du meurtre d'une prostituée.

Le scénario a trouvé un fort écho chez l'acteur. Pour diverses raisons. «Je dirais d'abord que, c'est vrai, cela me ramenait à l'époque où j'ai joué l'avocat d'A Time to Kill, film qui m'a révélé en quelque sorte. Selon moi, le personnage que j'incarne dans The Lincoln Lawyer est quand même plus complexe parce que moins idéaliste. Haller travaille aussi dans les milieux plus malfamés et il en comprend les règles. Le système n'aime pas ça. Mais au-delà du fait qu'il s'agisse d'un rôle dramatique, le récit résonnait très fort en moi, car lorsque j'étais jeune, je me dirigeais vers une carrière d'avocat criminaliste. J'ai toujours aimé les débats, les discussions. À la maison d'abord, ensuite à l'école, après à l'université. Toutes mes études ont été orchestrées en fonction de pouvoir un jour exercer cette profession-là.

«Puis, poursuit-il, ça m'a frappé comme un éclair. Avec toutes les années d'études requises, je me suis rendu compte que je ne pourrais commencer à pratiquer qu'à l'âge de 28 ans. Cela me semblait improbable. D'autant plus que j'avais alors découvert les vertus du cinéma et de l'art dramatique. J'ai téléphoné à mes parents pour leur annoncer que j'abandonnais mes études de droit. Même s'ils étaient inquiets, ils ont été très compréhensifs. J'ose espérer que si mon fils m'annonce un jour une nouvelle de cette nature, je ferai preuve de compréhension comme eux.»

McConaughey pouvait aussi s'identifier à la nature du personnage, ayant lui aussi parfois fait d'une caravane sa maison. «Orchestrer ma vie en m'installant dans une voiture? Pas de problème! dit-il. Il y a quelques années à peine, j'ai habité dans une remorque. Étant maintenant père, je ne pourrais plus adopter ce mode de vie, mais je comprends très bien que quelqu'un puisse vivre de cette façon.»

Los Angeles dans sa réalité

Impressionné par The Take, premier long métrage de Brad Furman, l'acteur a par ailleurs suggéré le nom du jeune cinéaste aux producteurs de The Lincoln Lawyer.

«Il y avait plusieurs très belles qualités dans The Take, film que Brad avait fait de façon indépendante avec un budget de moins d'un million de dollars, fait-il remarquer. Surtout, il a filmé Los Angeles comme s'il s'agissait d'un personnage à part entière. C'est ce qu'il nous fallait aussi pour The Lincoln Lawyer. Cette histoire ne pourrait se dérouler nulle part ailleurs.»

Ayant déjà pas mal investi son talent dans les comédies romantiques, Matthew McConaughey veut par ailleurs s'attaquer davantage à des rôles dramatiques.

«Ce n'est pas que ces rôles soient obligatoirement plus valorisants - quoiqu'ils le sont souvent aux yeux des autres -, mais il est vrai qu'il est plus stimulant de se glisser dans la peau d'un personnage dont la trajectoire n'est pas toute tracée d'avance. Pendant les 37 jours qu'a duré le tournage de The Lincoln Lawyer, mon enthousiasme n'a jamais diminué d'un cran. Jouer dans ce film m'a vraiment rendu heureux.»

The Lincoln Lawyer (La défense Lincoln en version française) prend l'affiche le 18 mars. Les frais de voyage ont été payés par les Films Séville (Lionsgate).