Près de 25 ans après Who Framed Roger Rabbit?, Hollywood réunit à nouveau des personnages humains et un lapin déjanté dans un film mélangeant animation et prises de vue réelles, en se gardant de succomber à la mode et à «la pression marketing» du cinéma en 3D.

Produit par les studios Universal, Hop («sautiller», en anglais), qui sort vendredi en Amérique du Nord, s’attaque au lapin de Pâques, un personnage peu traité par Hollywood, qui lui a toujours préféré le Père Noël et ses variantes.

Le film met en scène E.B. (Easter Bunny, le lapin de Pâques), le fils adolescent du lapin de Pâques, alors que ce dernier s’apprête à lui passer la main. Mais E.B. n’a aucune envie de distribuer des chocolats et des bonbons aux enfants du monde, préférant se consacrer à sa passion, la batterie.

Son père voyant tout cela d’un mauvais oeil, E.B. s’enfuit à Hollywood, où il rencontre Fred (James Marsden), un trentenaire velléitaire tout juste chassé du nid familial. Ensemble, les deux compères vont apprendre à grandir.

Le réalisateur Tim Hill, à qui l’on doit notamment le succès mondial Alvin and the Chipmunks (2007), voit Hop comme «un film de copains» sur le thème de la responsabilité, à travers le dilemme d’E.B. entre rêve et devoir.

«Poursuivre un rêve est toujours contrebalancé par la responsabilité», déclare Tim Hill à l’AFP. «Les choses que l’on fait, quand on est adolescent, ont des conséquences sur les autres. Ce que dit le film, c’est qu’on ne doit pas forcément renoncer à un rêve pour en poursuivre un autre».

Le terrain relativement vierge des films sur Pâques a permis au réalisateur de donner libre cours à son imagination. «Nous avons pu créer notre propre mythologie», dit-il. «C’est un personnage que l’on connaît depuis des centaines d’années, mais pour moi c’est comme s’il était tout nouveau. Nous n’avions pas de règles, nous avons pu faire ce que nous voulions».

Les scénaristes ont ainsi installé le quartier général du lapin de Pâques sur l’Ile de... Pâques, en inventant un monde souterrain féérique où des centaines de poussins dirigent la fabrique de bonbons multicolores. Carlos, le chef grassouillet des poussins, qui rêve de prendre la place du lapin de Pâques, est l’un des personnages les plus drôles du film.

Dans une industrie hollywoodienne qui ne jure plus que par la 3D, on s’étonne que «Hop» ne soit pas en relief. Mais le producteur assure avoir choisi sciemment de ne pas succomber aux sirènes artificielles du procédé.

«C’est essentiellement un film sur des personnages, c’est une comédie», explique Christopher Meledandri. «Aujourd’hui, nous sommes un peu dans l’oeil du cyclone. Tous les films doivent être réalisés en 3D. La réalité, c’est que c’est une pression du marché».

«Mon boulot, c’était de construire un mur autour de Tim Hill pour qu’il prenne les décisions qu’il considérait les meilleures pour le film», dit-il.

Et Tim Hill d’ajouter: «C’est davantage un outil de marketing, comme pour dire: «Hé, mon film est en 3D!» Et alors?... C’est un film de copains, pourquoi faudrait-il le tourner en 3D?», demande-t-il.

Le film bénéficie largement de la verve du Britannique Russell Brand, qui offre sa voix nasillarde à E.B. L’acteur, qu’on connaît davantage pour ses rôles dans des comédies «trash» (Forgetting Sarah Marshall, American Trip...) se déclare ravi d’avoir fait un film pour enfants.

«J’adore les enfants. Je pense que c’est probablement avec eux que je me sens le plus libre», dit-il. «Ils me rendent dingues. Quand je suis avec les enfants de mes amis, on fait les fous, je leur dis des trucs dingues et je leur remplis la tête avec des inepties!».