Réflexion résolument humoristique mais aussi tendre sur la paternité, Starbuck, le nouveau long-métrage de Ken Scott mettant en vedette Patrick Huard, pourrait très bien faire des petits... miracles aux guichets, cet été.

Présenté pour la première fois devant public, hier soir au Centre national des arts d'Ottawa, la projection spéciale du film a eu lieu en présence du coscénariste et réalisateur Ken Scott et de la comédienne Julie Le Breton, mais en l'absence de sa tête d'affiche, Patrick Huard, retenu sur le plateau de tournage d'Omertà. Après avoir souvent ri au cours de la soirée, les quelque 800 personnes présentes - représentants du milieu cinématographique et de la Colline parlementaire, incluant le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles James Moore, le chef libéral intérimaire Bob Rae, les députés Justin Trudeau et Denis Coderre et autres invités ont chaleureusement ovationné le film.

Utilisant l'image du taureau Starbuck, géniteur de centaines de milliers de veaux, comme éloquente métaphore et symbole de virilité, Ken Scott et l'humoriste Martin Petit ont eu envie d'explorer la question de la paternité.

Au moment où sa copine Valérie (Le Breton) lui annonce qu'elle est enceinte, David Wozniak (Huard) apprend que 142 des 533 enfants qu'il a aidé à mettre au monde en donnant son sperme dans une clinique intentent un recours collectif contre lui. Ils veulent savoir qui se cache derrière le pseudonyme de Starbuck, qui est leur père biologique. David décidera, envers et contre l'avis de son ami et avocat (Antoine Bertrand), de découvrir qui sont ses enfants devenus grands. Si le premier de ses fils correspondra à tous ses fantasmes paternels - il joue au soccer comme lui - d'autres le confronteront à des réalités nettement plus troublantes. Ira-t-il jusqu'à leur dévoiler son identité ou se contentera-t-il de jouer à l'ange gardien?

Aujourd'hui dans la quarantaine, et respectivement père de deux et trois enfants, Ken Scott et Martin Petit se sont donc interrogés sur ce à quoi tiennent les liens père-enfants.

«Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, la situation du donneur de sperme s'avère très fertile, a soutenu Ken Scott, rencontré avant la projection. Je n'ai pas les chiffres pour le Québec ou le Canada, mais aux États-Unis, 60000 enfants naissent chaque année par procréation assistée. Et ils sont les seuls à ne pas avoir le droit de savoir qui est leur père. Ça en fait des citoyens de deuxième zone. D'un autre côté, si l'anonymat n'est pas respecté, le don de sperme n'existe plus. Toute cette industrie soulève donc des enjeux moraux importants.»

«L'histoire rend aussi compte du désir de David de devenir adulte en devenant père, a quant à elle souligné Julie Le Breton, qui voyait elle aussi le film pour la première fois, hier. C'est une autre métaphore, qui demeure toutefois vrai pour plusieurs hommes, et pour plusieurs femmes. Valérie est convaincue qu'elle va élever son bébé seule, à cause de l'irresponsabilité de David. Mais il va peut-être finir par la surprendre... Pendant qu'elle, elle va devoir apprendre à lâcher prise et à lui laisser une place, en tant que père de son enfant.»

Sixième soirée cinéma

Cette projection de Starbuck était la sixième du genre à être organisée dans la capitale pour mettre en valeur le cinéma canadien et, surtout, le «faire voir à des représentants des quatre coins du pays, qui pourront ensuite retourner dans leurs comtés pour en vanter les mérites», a fait valoir James Moore. Incendies et Le Monde de Barney ont récemment été présentés au CNA, dans cet «effort non partisan», a tenu à rappeler le ministre, d'appuyer l'industrie cinématographique du pays.

Ce dernier a d'ailleurs profité de l'occasion pour réitérer qu'«investir dans la culture, c'est investir dans notre économie». Un discours qui a évidemment eu l'heur de plaire aux divers intervenants du milieu culturel présents dans la salle, hier soir.

Starbuck prendra l'affiche dans les salles de cinéma du Québec le 27 juillet.