Amorcé plus tôt cette année, le tournage du film Croix des Bouquets mettra en vedette un Bruny Surin étonnant de vérité, assure la réalisatrice Marie-Ange Barbancourt.

«Je ne me suis pas trompée, dit Mme Barbancourt à propos du choix de l’ancien sprinteur pour incarner le personnage de Michelot Antoine, fier-à-bras rongé par le remords dans ce film évoquant une société haïtienne marquée par le mensonge et la violence. Bruny est à l’écoute de ce qu’on lui dit. Il collabore entièrement. Les plus grands acteurs sont ceux qui ont l’humilité de s’effacer derrière leur personnage.»

Heureuse de la tournure des choses, Mme Barbancourt a félicité Surin sur le site Facebook du film. «Excellente performance d’acteur de Bruny Surin qui a une bonne compréhension de son personnage et y apporte l’humanité nécessaire pour la crédibilité du rôle, peut-on lire sur le site. Je vous le promets, vous ne serez pas déçus.»

À l’heure actuelle, l’équipe a pratiquement terminé le tournage des scènes intérieures, toutes mises en boîte à Montréal. Le tournage de plusieurs scènes extérieures devrait s’amorcer fin juillet. Au départ, les scènes extérieures devaient se faire à Cuba, mais, finalement, l’équipe travaillera en République dominicaine, pays voisin d’Haïti. «Les paysages se ressemblent beaucoup», dit Mme Barbancourt.

Croix des Bouquets raconte l’histoire de Mia La Groue (Barbancourt), comédienne d’origine haïtienne dont la mère a été assassinée et qui risque d’être spoliée de son héritage par des individus sans scrupules auxquels s’est alliée une de ses sœurs.
Détenue illégalement et brutalisée, Mia réussit à se libérer grâce à la complicité d’une autre de ses sœurs. Forcée de quitter Haïti et dégoûtée de tout ce qui mine le pays, elle s’enfuit après avoir détruit les infrastructures de l’entreprise familiale. Le tout, à la veille du terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Éléments autobiographiques

Au moment de l’annonce du tournage, le 9 décembre dernier, Mme Barbancourt a reconnu des similitudes entre le film et sa propre vie (son père et sa mère ont été assassinés en Haïti), mais a surtout voulu donner un électrochoc à son pays d’origine. «Il est temps que l’on pose un regard juste sur la société haïtienne en oubliant le politiquement correct», a alors dit la comédienne qu’on a vue dans le téléroman L’héritage et dans le film Un cargo pour l’Afrique.

Pour des raisons de sécurité, la réalisatrice avait dès le départ écarté la possibilité de faire les extérieurs dans son pays d’origine.

En entrevue à La Presse, il y a quelques jours, elle a indiqué que le tournage a commencé avec les scènes les plus difficiles. Des scènes de kidnapping et de torture qui ont été tournées dans des locaux désaffectés de l’hôpital Louis-H. Lafontaine. Plusieurs autres scènes intérieures ont été captées dans différents lieux montréalais.

Outre Mme Barbancourt et Bruny Surin, la distribution comprend Jacquy Bidjeck, Céline France, Ralph Leroy, Jephté Bastien (réalisateur du film Sortie 67), Sergio Panzera, Manuel Tadros, Claudio Colangelo, Angelo Cadet et Royal Duperron. Plusieurs comédiens, annoncés dans la distribution d’origine, ont annulé leur participation en raison de conflits d’horaires avec le tournage qui a pris du retard.

Mme Barbancourt garde tout de même le cap sur février 2012. Elle souhaite que le film soit prêt à ce moment-là afin d’être inscrit à l’évaluation des longs métrages pour Cannes.

Croix des Bouquets devrait prendre l’affiche au Québec plus tard en 2012.