En Afrique pour la première fois, les comédiens québécois Ralph Prosper et Alain Bastien ne se sentent pas dépaysés pour autant. Ils ont trouvé dans la culture congolaise des similitudes avec leur origine haïtienne.

«Le rythme de vie, l'architecture, la façon de penser au sein de la population, je retrouve ça ici», assure Ralph Prosper qui interprète le boucher, un personnage sympathique malgré son nom, dans le film Rebelle de Kim Nguyen.

L'expérience est allée encore plus loin avec Alain Bastien. «En raison de mon origine, je ne me sens pas dépaysé, dit-il. Plusieurs personnes m'ont même considéré comme un Congolais.»

À son arrivée au Congo, Bastien a eu un peu de mal à franchir les douanes parce qu'il ne se souvenait plus du nom de l'hôtel où il allait résider. «Le douanier m'a dit qu'il me laissait quand même passer parce que j'avais du sang congolais», lance-t-il. Évidemment, Bastien n'a pas argumenté!

Cela dit, avec le comédien Mizinga Mwinga, déjà de retour à Montréal, ainsi qu'une narratrice qui doit être embauchée, Prosper et Bastien occupent deux des quatre rôles du film réservés à des Québécois. Deux rôles aux antipodes.

Le boucher (Ralph Prosper), c'est le bon gars, l'homme qui veut venir en aide aux enfants-soldats et les inciter à reprendre une vie normale. «Je suis comme le grand-père de Komona. Je lui apporte un appui, une confiance. Le boucher veut redonner la beauté de l'enfance», raconte Ralph Prosper qu'on a vu dans le film Sortie 67 de Jephté Bastien et que l'on verra sous peu dans Décharges de Benoit Pilon.

Pour se préparer à ce rôle, il a appris les rudiments du lingala, une des langues du pays, ainsi que le travail de boucher avec une machette. Une expérience dont il sort avec une certitude: dépecer des carcasses ne sera jamais sa tasse de thé.

«Être boucher, ce n'est pas pour moi», lance Prosper, rencontré, comme Bastien, au Centre hippique de Kinshasa où plusieurs scènes ont été tournées cette semaine. «Voir ces pauvres bêtes accrochées, c'est un peu lourd. Je ne suis pas végétarien, mais je suis tout près de le devenir.»

Quant à Alain Bastien, il incarne le terrible commandant Mari, chef des rebelles et homme sans pitié, même avec ses hommes.

«Ce n'est pas quelqu'un que tu veux croiser sur ton chemin, dit Bastien en hochant la tête. Le commandant fait le sale boulot pour un supérieur [Grand tigre royal]. En fait, il fait travailler ses hommes, il est sans merci ni remords.»

C'est ce même commandant qui force Komona à le marier et lui fait un enfant de force. Avec la jeune comédienne Rachel Mwanza, le courant est bien passé, assure-t-il. «Elle est très bonne, très réceptive», dit Alain Bastien de sa jeune partenaire de 14 ans. «Elle a toujours envie de jouer, même dans les scènes difficiles.»

Et, faut-il ajouter, les scènes difficiles sont nombreuses dans ce drame évoquant le parcours d'une enfant-soldat sur le chemin de la rédemption.

Dès la première rencontre, Bastien a établi des liens avec Rachel Mwanza. «Dans le film, il y a cette phrase typique, Je vais te tuer! Je vais te tuer! que le commandant dit à Komona, rappelle Bastien. Sur le plateau, Rachel et moi, on n'arrête pas de se dire ça l'un à l'autre. Mais en souriant et en rigolant!»

Les frais de ce reportage ont été payés par Métropole Films.