Anne Hathaway a pratiquement fait campagne pour obtenir un rôle dans l'adaptation du populaire roman de David Nicholls. Avec Jim Sturgess, l'actrice américaine est la vedette de ce film foncièrement britannique.

Une histoire d'amitié amoureuse étalée sur plus d'une vingtaine d'années. Lors de sa publication il y a deux ans, le roman du Britannique David Nicholls a fait sensation. On y évoquait la relation entre deux êtres, de façon ponctuelle, en fixant le rendez-vous le même jour chaque année. D'où le titre: One Day.

Des producteurs de cinéma, il fallait s'y attendre, se sont empressés de tenter d'obtenir les droits d'adaptation de cet ouvrage. Tenant à ce que soit maintenu le caractère très british de son histoire, David Nicholls n'a donné son accord qu'après avoir été mis en confiance à cet égard. Mieux: il signe lui-même le scénario de cette adaptation réalisée par Lone Scherfig (An Education).

«Nous tenions à garder la structure du livre, tout en donnant au film sa propre identité, expliquait cette semaine la réalisatrice au cours d'une rencontre de presse tenue à New York. David a dû écrire de nouvelles scènes afin que sa dramaturgie, très cohérente dans le roman, fonctionne aussi à l'écran. Le langage du cinéma permet de marquer le temps d'une autre façon, différente de celle de la littérature. C'était très intéressant d'explorer cet aspect.»

Anne Hathaway a eu la chance de lire le scénario avant même que la production ne soit véritablement mise en chantier. Elle a en outre fait ses propres démarches pour obtenir le rôle d'Emma Morley, une jeune femme de classe moyenne qui, en 1988, fera la rencontre d'un jeune homme (Jim Sturgess) qui marquera sa vie de différentes façons.

«Il est rare de trouver un personnage à la fois très honnête et très complexe, a déclaré l'actrice. À la lecture du scénario, ce fut pour moi une évidence. J'ai par la suite lu le roman et mon enthousiasme fut le même. J'ai sollicité une rencontre avec la production. J'ai été étonnée qu'ils acceptent de me recevoir. J'étais convaincue qu'ils ne verraient que des actrices anglaises!»

Une question d'accent

Auprès du public anglo-saxon, particulièrement celui de la Grande-Bretagne, il est vrai que de voir une actrice américaine se glisser dans la peau d'une Anglaise comporte un aspect plus délicat. La réalisatrice, d'origine danoise, a pourtant fixé son choix très vite sur Anne Hathaway.

«Bien sûr, nous avons discuté de cet aspect au sein de la production, mais tout le monde a reconnu rapidement qu'il s'agissait d'un faux problème. Même si elle est encore très jeune, Anne est une actrice de grande expérience. Et sa personnalité convenait parfaitement au rôle. Renee Zellweger a incarné des personnages britanniques à quelques reprises - parmi lesquels Bridget Jones - et les Anglais ont été très réceptifs. Bien entendu, nous avions un spécialiste sur le plateau pour superviser les accents. D'autant, qu'en tant que Danoise, je ne suis absolument pas en mesure de détecter toutes les subtilités à cet égard! Cela dit, il s'agit d'une question primordiale dans un film dont l'intrigue est campée en Angleterre. Il faut que l'accent soit juste. Un acteur américain va habituellement faire toute une recherche sur le passé d'un personnage pour le composer. Un acteur britannique, c'est différent. Tu lui dis de quelle ville, ou même de quel quartier provient le personnage et il en trouvera les clés tout de suite. Grâce à l'accent!»

De son côté, Anne Hathaway a beaucoup soigné cet aspect.

«Le personnage évoluant sur une vingtaine d'années, le dialecte régional qu'elle emploie évolue aussi de la même façon, explique-t-elle. Peu importe la langue qu'on utilise, l'accent original prendra toujours le dessus dans les situations plus émotives. Il fallait trouver un moyen de faire mûrir l'accent en même temps que la femme. En fait, je me suis aussi inspirée de musiques pour composer le personnage. J'ai notamment beaucoup écouté la chanson d'Arcade Fire Crown of Love. Je trouve qu'elle capte parfaitement la personnalité d'Emma.»

Catwoman

Anne Hathaway tourne présentement sous la direction de Christopher Nolan. Dans Batman - The Dark Knight Rises, l'actrice incarne Selina Kyle, alias Catwoman. L'univers dans lequel elle évolue aujourd'hui ne pourrait être plus différent de celui de One Day.

«Lone est l'une des plus brillantes cinéastes avec qui j'ai eu l'occasion de travailler, dit-elle. Les Scandinaves ont un lien très fort avec la culture en général. Une vie intérieure très riche aussi. Lone ne va jamais à l'évidence. Elle explore, elle réfléchit. C'est fascinant. De son côté, Christopher est l'un des esprits les plus imaginatifs de notre époque. Il crée son oeuvre de façon hallucinante. Il dispose de moyens énormes et pourtant, il aborde le cinéma comme le feraient les cinéastes indépendants. Sur son plateau, on voit bien que la production est gigantesque, mais en même temps, jamais n'avons-nous l'impression de tourner dans une superproduction hollywoodienne. Son film sera grandiose, au-delà de ce que n'importe qui peut imaginer! Vous ne pouvez même pas avoir idée!»

Quand un journaliste lui rappelle une déclaration faite peu avant la sortie de Love and Other Drugs, alors qu'elle affirmait croire ne plus jamais avoir de travail par la suite, Anne Hathaway éclate de rire.

«Oh vous savez comment sont les acteurs: un mélange d'arrogance et d'insécurité!»

One Day (Un jour en version française) prend l'affiche le 19 août.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (Focus Features).