Avis aux nostalgiques ou aux collectionneurs: les studios Paramount mettent en vente mardi prochain l'édition DVD/Blu-ray 25e anniversaire de Top Gun, le plus américain des films d'action à l'eau de rose des années 80. Retour sur l'héritage de ce «film à pop-corn» millionnaire avec Kelly McGillis qui y joue une instructrice séduite par Tom Cruise dans le rôle d'un pilote qui n'a pas froid aux yeux.

«C'est un film de bons et de méchants avec plein de gens sexy et de la super bonne musique. Qu'est-ce que tu veux de plus?» lance McGillis au bout du fil.

C'est ainsi qu'elle décrit Top Gun, ce film auquel personne ne croyait vraiment (David Cronenberg et John Carpenter ont levé le nez sur le scénario) et qui est devenu le succès-surprise de l'été 1986. «Personnellement, à l'époque, je me balançais pas mal de la qualité du scénario. J'étais seulement emballée de pouvoir travailler, après avoir fait mes classes à la Juilliard School. Je n'attachais pas tellement d'importance au récit. Pour moi, c'était un western amusant dans le ciel (a fun western in the sky); c'est ainsi que j'en parlais.»

Du divertissement avec un gros D, une histoire de rebelle - le lieutenant Maverik, joué par Tom Cruise, dans un rôle qui a fait de lui une vraie star d'Hollywood - pilotant un F-14A Tomcat qui se fait envoyer à l'école des pilotes d'élite de l'armée de l'air des États-Unis. Et qui flirte avec son instructrice, «Charlie» Blackwood, le deuxième grand rôle de McGillis après celui d'une amish dans Witness (avec Harrisson Ford, en 1985). Et puis c'est pas mal ça. Avec des scènes de chasse en avion de guerre et un gros riff de guitare électrique, joué par Steve Stevens, le Top Gun Anthem.

D'accord, Top Gun n'est pas exactement un film à Oscars - même s'il en a gagné un pour la chanson Take My Breath Away du duo Berlin, composée par Giorgio Moroder comme le reste de cette trame sonore qui a passé cinq semaines au sommet du palmarès des ventes cet été-là.

Les trentenaires et quadragénaires se souviendront éternellement de Take My Breath Away; c'était le slow des fins de danse du secondaire ou de la petite école. «La musique de ce film est géniale, c'est sans doute une des raisons de son succès», reconnaît la comédienne.

Mauvaises critiques

À sa sortie, Top Gun n'a pas eu que des fans, évidemment. Outre le travail de tâcheron de son réalisateur Tony Scott (un vrai pro du genre pop-corn, il a réalisé Beverly Hills Cop II, Days of Thunder, Enemy of the State, etc.), on reprochait à l'oeuvre d'être une grosse publicité pour les forces armées américaines. Le service de recrutement de l'armée américaine a même constaté une hausse du nombre de candidats - il faut dire que les forces avaient installé des kiosques aux cinémas présentant Top Gun...

«Une pub pour l'armée? répète Kelly McGillis. Si c'en était une, je n'y vois pas de problème. Je crois que ces gens qui nous protègent et servent notre pays, quel qu'il soit, devraient être reconnus et honorés pour ce qu'ils font.»

La US Navy a beaucoup contribué au tournage du film, acceptant de louer nombre de ses unités, de ses avions et de ses vaisseaux pour les besoins du tournage. «Côtoyer ces gens-là a été pour moi une expérience extraordinaire. J'ai même pu rencontrer la vraie instructrice qui avait inspiré le personnage de Charlie.» Le récit de Top Gun a en effet été inspiré d'un reportage de magazine paru deux ans plus tôt.

Un succès difficile à gérer

Pour Kelly McGillis, le succès inattendu de Top Gun n'a pas été simple à gérer. «Passer ainsi de l'ombre à la lumière a été un choc. Non seulement je ne m'y attendais pas, mais je n'aspirais pas à ça non plus.» Elle a fait peu de cinéma par la suite; quelques films avant une expérience de plateau si désagréable qu'elle a pensé abandonner le métier. «Je n'ai pas gardé contact avec les collègues de Top Gun, avoue-t-elle. Je pense parfois à certains d'entre eux, je me demande ce qu'ils font aujourd'hui. Vingt-cinq ans, c'est presque une éternité.»

Aujourd'hui, elle habite le New Jersey, continue à faire du théâtre et travaille dans un centre de désintoxication comme intervenante, «mais pas comme thérapeute, je n'ai pas les compétences. Je passe beaucoup de temps avec les patients et je partage mon expérience d'ancienne toxicomane et alcoolique. Je leur raconte comment je m'en suis sortie. Et je ne peux pas m'imaginer être plus utile que ça. Je fais ce que je veux - du théâtre et de l'intervention pour aider les gens - et ça me comble.»

«Avec le temps et l'expérience surtout, j'ai réalisé que tout ce qu'on accomplit n'a pas nécessairement besoin d'avoir une grande signification dans notre vie. Top Gun est un film amusant, et c'est tout.»

Le DVD/Blu-ray 25e anniversaire de Top Gun sort en magasin mardi.