Un virus lâché dans la nature. Une pandémie dévastatrice. La recette, sauce zombie, a été très utilisée. Steven Soderbergh la reprend, mais de manière hyperréaliste. Façon H1N1 à la puissance 10. C'est ce qui rend Contagion si terrifiant. Rencontre avec le réalisateur et ses troupes.

«Lis ça et ensuite, va te laver les mains.» Matt Damon riait en conférence de presse alors qu'il racontait comment Steven Soderbergh -avec qui il a travaillé sur The Informant!, Che et les «Ocean» - lui a présenté le scénario de Contagion. Et? Disons que le réalisateur a réussi à l'intriguer... mais que l'acteur serait passé au lavabo sans son conseil. C'est l'effet que fait et fera l'histoire écrite par Scott Z. Burns.

Prêts pour une descente en enfer? Go! Deux jours après son retour de Hong-Kong, une femme d'affaires de Minneapolis (Gwyneth Paltrow) meurt de ce qui, au départ, semblait un simple rhume, laissant son mari (Matt Damon) sous le choc d'une mort aussi subite. C'est le début d'une pandémie mortelle qui frappe bientôt Chicago, Londres, Paris, Tokyo et, bien sûr, Hong-Kong.

Au Centre de contrôle et de prévention des maladies, le Dr Cheever (Laurence Fishburne) envoie le Dr Mears (Kate Winslet) sur le terrain et le Dr Hextall (Jennifer Ehle) dans son laboratoire, pour découvrir un vaccin. Un médecin de l'Organisation mondiale de la santé (Marion Cotillard) part en Chine pour essayer de trouver l'origine du virus. Et un blogueur (Jude Law) dissémine la (bonne) nouvelle à sa manière, dans le cyberespace -mêlant ainsi les cartes.

Comme il l'avait fait dans Traffic, Steven Soderbergh suit ici plusieurs destins, explorant ainsi les différentes facettes d'un même événement. Et ce, de manière très réaliste. Il y a eu, récemment, plusieurs films de zombies décrivant ces pandémies meurtrières, façon 28 Days Later, «et j'aime ces films-là, mais je sais que ce n'est pas vrai», indique le réalisateur. La particularité de Contagion, et ce qui le rend si terrifiant, c'est son aspect réaliste.

«Quand j'ai commencé à faire les recherches, raconte Scott Z. Burns, je pensais que les médecins et les chercheurs tenteraient de modérer mon idée, mais, ce fut le contraire: pour eux, ce n'était pas une question de «si» mais une question de «quand».» D'ailleurs, trois ou quatre mois après le début de mon travail, il y a eu l'épidémie de H1N1 -qui m'a donné des pistes. J'ai pu étudier comment la crise a été gérée et vécue.»

Le réalisme de Contagion a été poussé jusque dans les moindres détails. L'autopsie du personnage incarné par Gwyneth Paltrow deviendra probablement une pièce d'anthologie en ce sens. «J'ai parlé à une femme médecin qui fait régulièrement des autopsies, relate Steven Soderbergh. Je l'ai observée et après, j'ai dit à mon équipe que j'avais besoin d'une sorte de pizza sans sauce sur laquelle on pourrait greffer une perruque, pour rabattre le tout sur le visage de Gwyneth.»

Laquelle a, elle aussi, parlé à la spécialiste -pour savoir ce qu'elle devait «faire» (même à l'état de cadavre). «La femme médecin lui a dit qu'un liquide jaunâtre coulerait de ses narines, qu'elle devait avoir la bouche légèrement entrouverte, poussée par la langue», raconte Soderbergh. Ajoutons à cela une pâleur cadavérique et des lentilles de contact pour «éteindre» le regard: le résultat est saisissant.

La mort et l'émotion

Une autre part des recherches concernait le côté émotif. Le vecteur de ce filon-là, c'est le personnage qu'incarne Matt Damon, qui perd sa femme dans les 10 premières minutes du long métrage. De manière choquante tant elle est inattendue et brutale. «Mais c'est tellement tôt dans le récit que le public n'est pas attaché à nous, explique l'acteur. Je ne pouvais jouer la grande scène émotive à ce moment-là; ça n'aurait pas fonctionné.»

Il a donc parlé à un médecin qui a souvent eu à annoncer à des gens qu'un être aimé venait de mourir. «Il m'a expliqué que certaines personnes s'effondraient, mais que d'autres, surtout quand c'est une mort subite, semblaient ne pas assimiler l'information et répondaient quelque chose comme: «D'accord, mais est-ce que je peux lui parler?» Nous avons pris cette direction.»

L'objectif global était d'éviter les pièges dans lesquels tombent bien des films catastrophe: les gens qui se tapent une crise de nerfs, le général qui prend une très mauvaise décision (à la Outbreak de Wolfgang Petersen), il n'y a rien de cela dans Contagion. «Nous nous sommes aussi donné pour règle de ne jamais aller là où nos personnages n'étaient pas allés. Ne jamais couper notre histoire pour montrer, quelque part, un groupe de figurants auxquels nous ne sommes pas attachés, juste pour compléter le portrait de la situation», note le réalisateur. «Je voulais de l'épique et, en même temps, de l'intime.»

Pour cela, dit-il, Contagion est l'un des films les plus simples qu'il ait réalisés, en matière de réalisation et de style. «Mais la simplicité exige beaucoup de préparation et de réflexion. Je voulais que chaque prise soit essentielle. Et toujours rester à hauteur humaine, pour que toute l'attention soit portée sur les performances.» Le résultat fait plus d'effet que bien des effets spéciaux. Pour paraphraser Steven Soderbergh: on regarde ce film et on va se laver les mains en quittant la salle.

Contagion (Contagion) prend l'affiche le 9 septembre.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.