Audrey Tautou est la tête d'affiche de De vrais mensonges, comédie de quiproquos et de marivaudages signée Pierre Salvadori qui prend l'affiche vendredi prochain au Québec. L'actrice française y retrouve l'univers du salon de coiffure de Vénus beauté (institut) et Nathalie Baye, qu'elle avait côtoyée sur le plateau du film de Tonie Marshall. Cette fois, Audrey Tautou tient le rôle de la patronne, Émilie, célibataire endurcie dont un des employés, Jean (Sami Bouajila), est secrètement amoureux. Notre chroniqueur a rencontré la célèbre interprète d'Amélie Poulain en mai, à Cannes.

Retravailler avec un réalisateur que l'on connaît déjà - vous avez tourné Hors de prix avec Pierre Salvadori -, c'est se plonger dans une zone de confort?

On est dans une zone de confort parce qu'on se sait déjà aimée. On est déjà dans une relation de confiance. En revanche, l'inconfort vient du désir de réussir à surprendre encore. C'était mon petit challenge personnel. De provoquer une autre découverte.

Vous avez envie de travailler souvent avec les mêmes metteurs en scène? D'approfondir cette complicité?

J'adore la fidélité entre un acteur et un réalisateur. Je trouve ça joli de grandir main dans la main avec un réalisateur, même si on se fait des infidélités!

Parlez-moi de votre personnage. Cette Émilie, elle a bon coeur, elle est gaffeuse, mais elle est dure aussi.

Elle est dure, oui. Elle peut être mesquine. Elle est de mauvaise foi. Elle peut être autoritaire. Elle a des défauts et elle les montre. C'est amusant. C'est son tempérament.

Ça vous intéresse de jouer des moins douces? Est-ce plus intéressant lorsqu'il y a ce côté presque méchant dans un personnage?

Elle n'est pas méchante, car elle est pleine de bonnes intentions et, quand elle se comporte de cette façon, elle s'en rend compte. Son comportement est plus une réaction à un manque de confiance, à une maladresse, à un désir de bien faire sans trop savoir comment s'y prendre. Elle n'est pas consciemment et volontairement méchante. C'est pour ça qu'on lui pardonne ses défauts et qu'elle reste aimable et sympathique malgré tout. C'est certain que c'est très marrant de jouer quelqu'un d'imparfait!

On sent une réelle complicité entre les acteurs, en particulier entre Nathalie Baye et vous. On pense forcément à Vénus beauté (institut).

C'était mon premier film pour le cinéma. On n'avait pas rejoué ensemble depuis ce temps et je dirais qu'on s'est vraiment découvertes pendant ce tournage-là (celui de De vrais mensonges). Parce que dans Vénus beauté, on n'avait pas le même rapport, parce que j'étais moins présente, parce qu'il y avait d'autres filles dans le salon de beauté. C'était plus un film choral. Ce tournage m'a vraiment permis de la connaître et ç'a été une merveilleuse rencontre. Avec Sami (Bouajila) aussi, la rencontre a été formidable. Ce sont des personnes que je revois encore aujourd'hui.

C'est important, l'entente entre les partenaires de jeu sur un plateau?

Oui, bien sûr. J'ai eu de la chance, car je me suis toujours bien entendue avec les gens avec qui j'ai travaillé. C'est très important pour moi. Je ne suis pas assez professionnelle pour faire abstraction des rapports que je peux avoir avec un autre acteur en dehors des scènes.

Ça se passe bien parce que vous êtes une bonne nature sur un plateau?

Je pense que je suis une bonne nature, oui. Et j'aime jouer avec les autres. Une scène se fait ensemble, elle ne se fait pas toute seule. Je ne suis pas là pour faire mon numéro. Ça ne m'intéresse pas du tout. Ce qui m'intéresse, c'est la découverte, l'échange, l'écoute, la réaction. Quand on travaille avec des acteurs qui nous inspirent et qui sont généreux, c'est un cadeau.

Vous êtes ici dans un registre franchement comique. On joue beaucoup avec le physique, les mimiques, les expressions...

C'est la première fois que je vais dans cet extrême-là. On est presque dans le burlesque. On est à la limite de l'antinaturalisme. On surfe sur cette frontière. C'est ce qui m'a plu. D'avoir la maîtrise de ça.

Vous êtes devenue une ambassadrice du cinéma français grâce à Amélie Poulain, il y a dix ans déjà. Comment vivez-vous aujourd'hui avec Amélie? Arrivez-vous à vous détacher de ce personnage dans le regard des gens?

Ça dépend des gens. Pour certains, c'est ce que je suis. Pour d'autres, ce n'est pas le cas. Je le vis très bien. Ça m'est tombé dessus sans que je l'aie ni souhaité ni prémédité. Ça ne m'a jamais posé de problème parce que j'ai toujours eu conscience du cadeau que c'était pour moi. Ça m'a permis de pouvoir faire des choix et de vivre de ce métier de façon très privilégiée. J'ai aussi fait des choix conscients qui m'ont permis d'éviter la surexposition, qui ne correspond pas à ce que j'aime ni à ce que je suis.

Après The Da Vinci Code, de Ron Howard, avez-vous envie de participer à d'autres films américains?

Pas spécialement. Ça m'a amusée, ç'a été rigolo, mais l'exposition, l'importance du produit, tout ça ne m'attire pas forcément. Ça ne me fait pas rêver. Je suis très heureuse de jouer dans des films français. Pour moi, avoir la notoriété d'un Brad Pitt, ce serait un cauchemar.