Une panique planétaire provoquée par un virus mortel et un film insolite sur la mort ont fait frémir la Mostra de Venise samedi, adoucie par un conte poétique.‬

‪C’est le réalisateur américain Steven Soderbergh qui a ouvert la journée avec Contagion, une grande fiction hollywoodienne inspirée d’une réalité à peine travestie et présentée hors compétition.‬

‪Réunissant un casting exceptionnel - Marion Cotillard, Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet, Jude Law... -, le film raconte une pandémie provoquée par un virus mortel contre lequel la communauté médicale mondiale tente de trouver un remède tout en contrôlant une panique qui se répand encore plus vite.‬

‪La présence de plusieurs des acteurs en conférence de presse samedi a provoqué une cohue infernale. Les fans se sont rués sur eux dès la fin, les contraignant à prendre la fuite, tandis que seul Soderbergh restait, impassible, pour signer des autographes.‬

‪Inspiré notamment des crises du SRAS en 2003 et de la plus récente grippe H1N1, selon Steven Soderbergh, Contagion met aussi en scène la propagation de l’information et de la rumeur par internet, les réseaux sociaux et les blogues.‬

‪Loin de ce film à gros budget et très grand public, Alps, film du Grec Yorgos Lanthimos, offre une plongée insolite et sans limite au coeur de la mort: l’histoire d’un quatuor (une infirmière, un de ses collègues, une gymnaste et son entraîneur) qui propose aux personnes venant de perdre un être cher de le remplacer par des comédiens.‬
‪«Faire semblant d’être quelqu’un d’autre en dépit de la mort, du point de vue de personnages qui fuient leur propre vie», a résumé le réalisateur dont le film concourt pour le Lion d’Or.‬

«Le cri d’amour au cinéma» de Marjane Satrapi‬

‪Parlant de la mort mais sous forme d’ode à la vie, Poulet aux prunes de la réalisatrice franco-iranienne, auteur de bandes dessinées Marjane Satrapi, et de son acolyte Vincent Paronnaud, a offert à la Mostra un grand moment de poésie.‬

‪«Un cri du coeur au cinéma» et «un cri d’amour juste pour l’amour et la beauté», a confessé la réalisatrice devant la presse. Vincent Paronnaud a avoué «être parti dans toutes les directions» sans «aucun frein à l’imagination».‬

‪Quatre ans après le succès de Persepolis, film d’animation tiré de sa bande dessinée et prix du jury au festival de Cannes 2007, Poulet aux prunes est le premier long métrage de Marjane Satrapi avec des acteurs en chair et en os.‬

‪Conte poétique inspiré de sa propre histoire, le film réunit Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Golshifteh Farahani, Chiara Matroianni, Edouard Baer et Eric Caravaca. Sorte de Roméo et Juliette à tiroirs, il se déroule dans un Iran de la fin des années 50.‬

‪C’est l’histoire de Nasser Ali Khan (Mathieu Amalric), célèbre violoniste dont le coeur va être brisé comme son instrument et qui décide d’attendre la mort dans son lit. Cette attente est traversée de souvenirs de jeunesse, elle révèle l’avenir de ses enfants et le fait dialoguer avec Azraël, l’ange de la mort (Edouard Baer).‬

‪Apparaît peu à peu le secret bouleversant de sa vie: l’amour inconditionnel qu’il porte à une femme, Irane (Golshifteh Farahni) qui a nourri son génie et sa musique.‬

‪Jamel Debouze et Isabella Rossellini participent également à cette fresque onirique, mélancolique et joyeuse qui, à travers la mort, «célèbre la vie» (Satrapi).‬

‪Au programme dimanche: Wild Salome d’Al Pacino, hors compétition, Shame du jeune Britannique Steve McQueen, et Terraferma de l’Italien Emanuele Crialese, en lice pour le Lion d’Or.‬