Brad Pitt dans un film de baseball; George Clooney et Ryan Gosling dans un boy's club politique; Bono et The Edge dans leur dynamique amicale; la deuxième journée du TIFF était placée sous le signe de la masculinité.

Il y a d’abord eu Brad Pitt et sa bande de Moneyball. Les gars se sont pointés au sixième étage du Bell Lightbox (accessible seulement par ascenseur -bonjour la cohue!), tout sourire, conscients de la rumeur favorable engendrée par l’excellent film de Bennett Miller (Capote).

Pitt, dont la prestance à l'écran évoque de plus en plus celle du Robert Redford des grandes années, propose ici l'une de ses plus solides compositions en se glissant dans la peau de Billie Bean, directeur général des Athletics d'Oakland. Ce dernier est reconnu pour avoir réussi à construire une équipe compétitive grâce à un système basé sur des statistiques, sans avoir les mêmes moyens financiers que les autres équipes, Yankees et Red Sox en tête. Inspiré du bouquin de Michael Lewis The Art of Winning an Unfair Game, Moneyball fait partie de ces projets auxquels avaient déjà travaillé plusieurs artisans avant d'être mené à terme. La production du film fut même stoppée à quelques jours du début du tournage à l'époque où Steven Soderbergh devait en assurer la réalisation.

«Je ne pouvais pas abandonner ce projet, a expliqué hier Brad Pitt, aussi producteur du film. Il a fallu beaucoup de temps pour mettre Moneyball en chantier parce que le récit n'emprunte pas du tout une forme classique.»

Ce drame sportif a finalement pu prendre son envol quand le cinéaste Bennett Miller a été mis à contribution. «Moneyball, dit ce dernier, est un film de sport, et nous avons fait les efforts nécessaires pour que tout soit crédible à cet égard. Mais cet homme vit quelque chose de très profond à travers le baseball. C'est ce qu'il y a au-delà du sport qui m'a principalement intéressé.»

«Je marche à fond chaque fois dans ce genre d'histoire, ajoute pour sa part Brad Pitt. Il faut se remettre en question tous les jours. On peut faire les choses depuis très longtemps d'une certaine façon sans que ce soit nécessairement la meilleure!»

Un «très» irlandais...

Ce fut ensuite au tour de Bono, de The Edge et du réalisateur du très bon documentaire From the Sky Down, Davis Guggenheim, de participer au jeu de la conversation publique. Quand un journaliste a demandé à Bono de dire à quel point, sur une échelle de 1 à 10, le groupe a été près de se séparer à l'époque de la fabrication d'Achtung Baby, le leader a simplement dit: «Very [très] est le mot irlandais pour le chiffre 9.»

Puis vinrent George Clooney et Ryan Gosling. Ils étaient là pour The Ides of March, une fable politique féroce (plutôt un «conte moral», prévient Clooney), dont le dernier acte, digne d'un téléroman, vient presque gâcher la sauce. Roi de Hollywood, l'acteur, scénariste et cinéaste George Clooney était accompagné de celui qui pourrait bien être appelé à lui succéder un jour. Avec ses performances dans Blue Valentine, Crazy Stupid Love, Drive, et maintenant The Ides of March, Ryan Gosling, en effet, est en voie d'atteindre la stratosphère du star-système mondial. Présenté lors de l'ouverture de la Mostra de Venise la semaine dernière, The Ides of March, où Gosling interprète l'agent de presse d'un gouverneur en campagne (Clooney), obtient évidemment une résonance particulière de ce côté-ci de l'Atlantique étant donné la nature d'un récit qui se concentre sur les jeux de coulisses d'une campagne à l'investiture démocrate.

«Un film n'a pas vraiment d'impact sur une société, affirme pourtant Clooney. D'autant moins qu'on met habituellement deux ans à le fabriquer. Le récit n'a pas été influencé par l'affaire John Edwards non plus. Nous avions écrit le scénario bien avant!»