Take This Waltz, deuxième long métrage de la jeune cinéaste célébrée grâce à Away from Her, est en-deçà des attentes.

Dans une longue entrevue publiée dans le Globe and Mail samedi, Sarah Polley attribue à un critique de cinéma la phrase la plus «libératrice» qu'elle ait entendue. Le journaliste lui aurait en effet dit, il y a quelques mois, qu'après avoir obtenu un grand succès critique avec son premier film (Away from Her), elle pouvait être certaine que son second long métrage serait mal reçu. Elle y a vu une occasion de se diriger là où son inspiration la menait, en faisant fi des attentes.

Loin de nous la volonté d'alimenter le cliché, mais, oui, Take This Waltz est un film décevant. Cette nouvelle réalisation de Sarah Polley est pourtant audacieuse. L'auteure cinéaste s'immisce dans un territoire mille fois exploré mais toujours jaloux de ses secrets. Son nouveau film décrit en effet une liaison amoureuse perturbée par l'arrivée d'un être avec qui une grande histoire aurait pu être vécue.

Margot (Michelle Williams) est mariée à un «bon gars» (Seth Rogen). Le doute s'installe pourtant dans son esprit le jour où, à la faveur d'une correspondance à l'aéroport, elle rencontre Daniel (Luke Derby, connu au Québec grâce à Mambo Italiano), homme avec qui elle sent qu'elle pourrait vite établir un lien intime. Les choses se compliquent lorsqu'elle constate que le fameux Daniel habite à Toronto, tout juste en face de la maison familiale.

Polley s'immisce ainsi au coeur d'une liaison qui n'aboutira peut-être jamais, bien que les deux protagonistes se tournent autour en jouant avec le feu. Au détour d'une conversation aux forts relents érotiques, ou en montrant simplement des corps nus de femmes de tous âges et de toutes formes après une séance d'aquagym plutôt divertissante, Sarah Polley s'interroge sur le temps et sur l'usure des sentiments.

L'effort est louable, mais l'exercice se révèle un peu trop écrit, un peu trop «précieux». Away from Her était une remarquable adaptation d'un roman d'Alice Munro; Take This Waltz est un scénario original. Ceci explique peut-être cela.

Polley semble vouloir privilégier ici une approche impressionniste, mais la fluidité du récit en souffre. Son idée de faire appel à des acteurs utilisés à contre-emploi dans des seconds rôles se révèle toutefois concluante. Seth Rogen et Sarah Silverman, surtout reconnus pour leur talent comique, ont en effet l'occasion d'utiliser des couleurs différentes de leur palette.

«Le drame est plus facile pour les acteurs rompus à la comédie que la comédie peut l'être pour des acteurs dramatiques», a fait remarquer l'auteure cinéaste (aussi actrice depuis sa tendre enfance) en évoquant notamment le talent de Bill Murray.

Si Michelle Williams, qui n'a pas fait le voyage à Toronto, propose ici une composition intéressante, Take This Waltz n'a ni le souffle ni l'étoffe de Blue Valentine, un film auquel il sera inévitablement comparé.

Karine Vanasse en coup de vent

Délaissant pour 24 heures les avions vintage de Pan Am et la promotion entourant la diffusion prochaine de cette série télévisée très attendue, Karine Vanasse était de passage au TIFF hier. Avec Rossif Sutherland, elle tient la vedette de I'm Yours, road movie réalisé par Leonard Farlinger. Dans ce film tourné à North Bay avec de très modestes moyens (500 000 dollars), l'actrice québécoise campe une jeune femme mystérieuse entraînant un courtier new-yorkais dans une aventure à la fois sentimentale et dramatique.

«Ce ne sont pas toujours les rôles dans les films les plus en vue qui marquent le plus une actrice, fait-elle remarquer au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Après m'être beaucoup consacrée à Polytechnique, j'ai eu envie d'élargir mon spectre. I'm Yours est mon premier film au Canada anglais. C'est à partir de là que tout s'est enchaîné du côté anglophone. J'ai adoré l'esprit de solidarité qui s'est installé au sein de cette toute petite équipe. J'essaie toujours de recréer ce genre de complicité, même sur des productions disposant de beaucoup plus de moyens.» I'm Yours devrait prendre l'affiche chez nous l'hiver prochain.

Un Oscar pour Plummer?

Selon le Hollywood Reporter, le film Barrymore serait à voir au TIFF, «car il pourrait bien valoir à Christopher Plummer l'Oscar qui lui a échappé depuis si longtemps». Cette adaptation cinématographique d'une pièce de théâtre célébrée à Broadway (qui a déjà valu un Tony Award à l'acteur), décrit la vie du mythique acteur John Barrymore pendant les mois précédant sa mort. Un certain Érik Canuel signe la réalisation de ce film où Plummer campe l'unique personnage. À suivre.