Le tournage d'Ésimésac, la deuxième collaboration de Luc Picard et de Fred Pellerin inspirée d’un personnage de son œuvre Comme une odeur de muscles, a débuté il y a près d’un mois à Harrington, dans les Laurentides, et se poursuivra jusqu’au 6 octobre en studio, à Montréal. L’équipe de Babine est de retour à Saint-Élie-de-Caxton avec à son bord quelques petits nouveaux, dont Nicola-Frank Vachon qui campe le personnage principal d’Ésimésac.


« Il a toujours été question d’un deuxième film, mais je ne pensais pas replonger, précise le réalisateur Luc Picard lors d’une visite de La Presse sur le plateau de tournage. Quand Fred est arrivé avec son premier jet, ça m’a charmé tout de suite. J’ai trouvé que, par moments, c’était comme du Pagnol. »


« Luc a retravaillé les textes avec moi avec beaucoup de respect et de doigté, indique Fred Pellerin. Depuis Babine, on savait qu’on devait rentrer dans le texte ensemble. En même temps, il sait que Saint-Élie, ce n’est pas juste le temps d’un film pour moi ; c’est le temps d’une vie puisque j’y habite et il m’habite beaucoup dans plein d’autres projets. Il ne faut pas le briser ; il y a une ligne à garder, une continuité, quelque chose qui doit s’emboîter. À force, il y a aussi des choses qu’on n’est plus obligé de se dire. Luc écrit presque du Fred dans ce film ! »


Un nouveau venu

Luc Picard remet donc sa casquette de réalisateur, mais rempile également devant la caméra dans le rôle de Toussaint Brodeur. « J’adore faire ce jeu de passer de l’un à l’autre. Je me sens à l’aise et j’ai du fun », dit-il.


Si tous les acteurs de Babine se retrouvent à nouveau, le choix de Nicola-Frank Vachon pour incarner le rôle principal d’un jeune homme sans ombre mais doué d’une incroyable force, qui désire organiser un jardin communautaire pour sauver son village, s’est imposé à Luc Picard, charmé par « la pureté quasiment christique de son regard ».


« Quand Luc m’a annoncé qu’il me donnait le rôle, j’étais heureux, mais aussi angoissé, jusqu’à ce que je rencontre la gang et que tout ça se désamorce. Ils ont été super accueillants », dit Nicola-Frank Vachon, comédien et photographe sorti du Conservatoire de théâtre de Québec en 2004.


La magie du décor


Contrairement à Babine, le tournage d’Ésimésac ne se déroule pas seulement en studio et l’équipe s’est installée pour 18 jours au beau milieu de Harrington, un village des Laurentides, travesti pour l’occasion en Saint-Élie.


« Je tenais à tourner à l’extérieur, car, en studio, tu ne peux sentir le vent, la nature... Budgétairement parlant, c’est sûr que c’est un défi, car tu dois construire deux fois le village ! », explique Luc Picard.


« On était assis dans le village, c’était magique, dit Gildor Roy, interprète du forgeron Riopel qui voit en la construction d’un chemin de fer la solution aux maux du village. C’est un mot qui perd un peu de son sens quand tu fais ce métier-là, car on a vu tous les effets spéciaux et les décors. Mais il se passe quelque chose sur ce plateau-là. »


René Richard Cyr, qui reprend le rôle de Méo le barbier, parle de son expérience à Harrington comme d’une aventure entre de vieux amis. « Personne ne devait partir à 17 h. Tout le monde couchait là ! On s’est retrouvé à faire des feux le soir et des bouffes ensemble. Ce qui rallie tout le monde, c’est l’univers de Fred, la mainmise que Luc a sur cet univers et de se retrouver pour la deuxième fois dans le même lieu bucolique. Il y a beaucoup de tournages à Harrington, car il n’y a aucun fil électrique », explique l’acteur.