La comédienne Nathalie Coupal, l'impitoyable Michèle Barry de Mirador, sera en vedette dans La vallée des larmes, un film de Maryanne Zéhil dont le point de départ sera le massacre de Palestiniens survenu en 1982 dans les camps de Sabra et Chatila, au Liban. Elle en signe également la trame musicale.

Janine Sutto, Joseph Antaki, Nathalie Mallette, Sophie Cadieux, Henri Chassé et plusieurs comédiens d'origine libanaise dont Layla Hakim (Et maintenant, on va où?) seront de la distribution de ce film indépendant qui sera distribué par Séville au printemps ou à l'été 2012.

«Le film a été tourné au Québec et au Liban. Nous sommes présentement en montage. Le tout est presque terminé. Nous avons fait cela sans un sou des institutions publiques», dit Maryanne Zéhil qui, en 2006, avait signé De ma fenêtre, sans maison avec Louise Portal.

La vallée des larmes racontera l'histoire de Marie (Nathalie Coupal), une éditrice québécoise qui se spécialise dans la collecte de témoignages de survivants de génocides. Un jour, elle commence à recevoir des enveloppes relatant l'histoire d'Ali, un jeune Palestinien ayant grandi dans les camps de Beyrouth. Après avoir mené son enquête, Marie fait des découvertes inattendues qui la bouleverseront.

«Le thème du film se situe à un autre niveau que la tragédie, explique Nathalie Coupal. Il est beaucoup question de la passation de la haine entre les générations, un sujet où les mères ont une grande responsabilité. On parle du pouvoir des mères sur l'avenir de leurs enfants.»

Des centaines de Palestiniens massacrés

L'histoire Sabra et Chatila est bien connue. Dans la nuit du 16 au 17 septembre 1982, entre 700 et 3500 civils palestiniens ont été massacrés par des phalangistes chrétiens libanais alliés à Israël, qui occupe alors une partie du Liban. D'aucuns estiment que l'armée israélienne a fermé les yeux.

Pour Nathalie Coupal, le récit du film «réussit à mettre en scène de façon très simple un problème complexe. De plus, il s'éloigne du discours habituel que nous recevons chez nous des événements qui se passent au Moyen-Orient.»

Dans le film, Marie fait des liens entre ce qu'elle découvre et sa vie.

«Il y a un effet miroir très intéressant, dit la comédienne. Ses découvertes l'amènent à comprendre des choses fondamentales sur son passé, qui porte les stigmates de petites guerres.»

Musicienne et chanteuse depuis toujours, Mme Coupal s'est retrouvée à faire la musique du film après avoir «jammé» avec des collègues, le soir, après de longues journées de tournage à Ghabet Bolonia, au Liban.

«Nous étions dans un échange festif. Maryanne m'a dit: «Pourquoi ne pas signer la musique du film?» J'y étais tellement plongée que l'inspiration est venue tout de suite. Avec un collègue musicien, on a tout écrit en deux jours.»

Michèle Barry

Cela dit, comme des centaines de milliers de Québécois, Nathalie Coupal s'est assise devant le téléviseur mardi soir pour regarder la dernière émission de la saison de Mirador, où son personnage de la méchante et manipulatrice Michèle Barry a littéralement crevé l'écran.

«Ce fut pour moi une grande rencontre. Un vrai cadeau. Il n'y a pas si longtemps, je me souhaitais encore de devenir un personnage qui décape. Je voulais jouer autre chose que les élégantes lisses», dit la comédienne à la voix douce, un brin gênée.

Le public, visiblement, s'est laissé happer par ce personnage ambitieux. «Un jour, à la SAQ, une dame m'a dit: «Ah! que j'ai donc le goût de vous traiter de chipie!». Hier, une autre m'a pris les mains en me disant: «Eh qu'on vous haït!»», relate la comédienne en riant.