Le cinéma français s'est mieux exporté en 2011 que l'année précédente, avec 66 millions d'entrées et 405 millions d'euros de recettes, mais surtout grâce à des films en anglais, les films en langue française peinant à s'imposer dans le monde des multiplexes.

Loin de céder à la panique, Unifrance, qui a publié jeudi ses estimations pour l'année écoulée, rappelle que la France reste de très loin le premier exportateur de cinéma d'Europe et le 2e mondial (derrière les États-Unis - hors Bollywood).

L'organisme, chargé de la promotion du cinéma hexagonal hors de ses frontières, insiste également sur la reprise à la hausse du nombre de spectateurs (+ 10% par rapport aux 57,2 M en 2010) et des recettes (+19%).

«Comparé aux dernières années, le résultat est globalement bon; une tendance ne se mesure pas aux résultats d'une année», estime Antoine de Clermont-Tonnerre, le président d'Unifrance.

Cependant, sur les cinq films français les plus vus à l'étranger en 2011, quatre sont de langue anglaise. Et les trois premiers ont représenté la moitié des entrées en salles.

En tête: Unknown de Jaume Collet-Serra, avec Liam Neeson, Diane Kruger et January Jones (13 M d'entrées); Les Trois Mousquetaires d'après Alexandre Dumas, revisités par Paul W.S. Anderson avec Milla Jovovitch; Colombiana produit par Luc Besson et signé Olivier Megaton avec Zoe Saldana; et Carnage de Roman Polanski, avec Jodie Foster et Kate Winslet côté féminin.

À l'arrivée, les films en français n'ont réalisé que 37% des entrées, passant de 35 millions en 2010 à 25 M en 2011.

Tout est donc affaire de définition quand on évoque l'identité d'une oeuvre: si l'année 2010 est un bon cru comptable, elle est nettement moins satisfaisante du point de vue culturel, constate-t-on chez Unifrance.

Même ainsi, la part des films «majoritaires», c'est-à-dire de production majoritairement française, décroît fortement de 85% à 52%.

Les films en français qui ont attiré du public sont en fait des réalisations datant pour l'essentiel de 2010 et qui ont poursuivi leur carrière internationale en 2011, tels Des Hommes et des dieux, Potiche ou Elle s'appelait Sarah, qui ont tous dépassé ou approché les deux millions de spectateurs.

En cru 2011, Rien à déclarer de Dany Boon est l'un des rares à avoir tiré son épingle du jeu (2,1 M de spectateurs, dont 950 000 en Belgique).

Le trio des films de tête, qui a permis de gagner des parts sur les territoires anglo-saxons - États-Unis (+54%), Grande-Bretagne (+20%), Australie (+54%) et Nouvelle-Zélande (+100%) - correspond par ailleurs à un type précis de spectateurs, remarque Antoine de Clermont-Tonnerre.

«D'une manière générale, on constate que l'extension des multiplexes dans le monde, qui visent une clientèle jeune, favorise les comédies locales et les productions américaines à grand spectacle», indique-t-il. «Et dans ce réseau-là, on a du mal à se défendre».

La riposte de la France est donc d'encourager les copies numériques de ses films pour favoriser leur distribution, y compris sur les plateformes de vidéo à la demande, poursuit le président d'Unifrance.

Et de beaucoup espérer de l'année qui commence: 2011 reste, au plan national, un millésime record depuis 45 ans avec 215,6 millions de spectateurs porté par de grands succès populaires.

D'ailleurs, rappelle aussi M. de Clermont-Tonnerre, «on avait plus de 50 films au festival de Toronto en septembre (l'une des meilleures vitrines internationales): un record». Or la plupart amorcent à peine leur carrière internationale.

Intouchables, qui est en train de pulvériser le Top 3 du box-office français depuis la guerre, a rassemblé 300 000 spectateurs au démarrage en Allemagne. Et The Artist vampe déjà Hollywood.