L’ancien coureur automobile Jacques Villeneuve prendra la parole dans Dérapages, nouveau film de l’animateur et documentariste Paul Arcand consacré à l’alcool et la vitesse au volant chez les jeunes conducteurs.


Ce sera toutefois le seul expert en matière automobile qu’on verra dans ce nouvel opus de 90 minutes qui sortira en salle à la fin du mois d’avril, a confié le célèbre animateur
à La Presse.


Pourquoi Villeneuve et pas d’autres ? Parce que l’auteur veut plus de faits que de jugements, être davantage dans le constat et le témoignage que dans la conclusion hâtive. « J’ai voulu éviter l’écueil de l’"ado bashing" ou du "jeune adulte bashing", déclare-t-il. Je n’ai pas voulu faire appel à des experts. Ceux qui parlent, ce sont les 16-24 ans et leurs parents. »


Chaque année, plusieurs centaines de personnes meurent sur les routes du Québec. La proportion de jeunes est importante. L’alcool et la vitesse sont souvent en cause. Dérapages tire son titre du phénomène physique mais aussi des excès, humains ceux-là, qui sont à la source de bien des accidents.


« On a tous dérapé dans notre vie, constate M. Arcand. Dans 99 % des cas, on en sort sans problèmes. Mais dans les autres… Il y a un certain de nombre de conséquences à ces dérapages. On peut perdre la vie, se blesser gravement. »


On peut aussi entraîner autrui dans la mort. C’est ainsi qu’en octobre 2010, quatre jeunes ont perdu la vie dans un tragique accident de la route, survenu sur le boulevard Mercure, à Drummondville. M. Arcand et son équipe sont allés plusieurs fois sur les lieux, recueillant, à quelques mois d’intervalle, les commentaires des mêmes personnes.
Le cinéaste a aussi échangé avec plusieurs autres jeunes, croisés au fil de ses propres promenades ou en compagnie de policiers qu’il a suivis en patrouille.
Quant à Jacques Villeneuve, on le retrouvera sur des routes de campagne au préalable sécurisées, où il prendra le volant de voitures modifiées. Il donnera son avis sur ces types de bolides qu’affectionnent les adeptes de sensations fortes.
Et que conclura M. Villeneuve de ses singuliers essais routiers ? Sans donner trop de détails, Paul Arcand glisse que lorsqu’on modifie certains composants d’une voiture, on le fait sans penser à l’impact que cela peut avoir sur les autres éléments du véhicule.


Metric et Simple Plan
À l’image de ses deux premiers documentaires, Les voleurs d’enfance et Québec sous ordonnance, M. Arcand se penche de nouveau sur un grand sujet de société. Mais cette fois, son approche est différente, assure-t-il.


« Dans Québec sous ordonnance, on trouvait davantage un point de vue d’auteur, dit-il. Ici, on expose des situations. Ce n’est pas un film de commentaires. Sans vouloir prendre position, on avance des solutions dont plusieurs viennent des jeunes. Et parfois, ces suggestions sont surprenantes. »
Autre nuance, le réalisateur est aussi père de deux garçons en âge de conduire. « Je me suis davantage senti interpellé », lance-t-il.


En harmonie avec le sujet, l’auteur a choisi des pièces musicales de formations bien connues. La pièce Blindness du groupe anglo-canadien Metric est du nombre, tout comme la musique des Montréalais Simple Plan.


Lorsqu’on lui demande s’il y a un fil conducteur entre les différents témoignages, Paul Arcand répond : « Je crois que, dans l’ensemble, les jeunes se sentent ciblés. Et ils reprochent aux adultes d’avoir oublié qu’ils ont déjà été jeunes. »


Produit par Cinémaginaire, le film sera distribué par Alliance.