Toutes les initiatives sont bonnes - et utiles - pour faire la promotion du cinéma québécois. La dernière en lice, la création du Prix collégial du cinéma québécois, est plus que bien accueillie dans le milieu.

L'annonce de la création de ce prix a été faite le 18 janvier dernier au cinéma Beaubien. Dorénavant, les cégépiens du Québec détermineront, à la suite de délibérations, le meilleur film québécois de l'année précédente.

Pour 2011, les cinq films en lice sont En terrains connus de Stéphane Lafleur, Le vendeur de Sébastien Pilote, Marécages de Guy Édouin, Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau et Nuit #1 d'Anne Émond.

Évidemment, les nommés saluent l'initiative. Mais leurs commentaires dépassent de loin les belles paroles télégraphiées. Pour une raison bien simple. Eux-mêmes anciens cégépiens, les jeunes cinéastes connaissent la valeur de cette période charnière.

Anne Émond, qui a étudié au cégep Ahuntsic, se rappelle ces années enrichissantes. «Pour moi, le cégep a constitué une période de découverte du cinéma, dit-elle. J'étais dans un grand état d'émerveillement. C'est une période où les films nous influencent énormément.»

Elle se souvient par exemple d'avoir découvert les films Mauvais sang de Leos Carax et La maman et la putain de Jean Eustache, deux oeuvres marquantes. «Ce sont des films que je revois encore», ajoute-t-elle.

Ayant étudié au cégep de Saint-Jérôme, Stéphane Lafleur se souvient d'avoir eu un professeur passionné de cinéma. «Dans nos cours, nous avons pu nous bâtir une grande culture générale. Ces prix sont importants, car la relève du public commence ici», affirme-t-il.

De sains débats

Inspiré du Prix des lycéens français et du Prix littéraire des collégiens au Québec, ce nouveau Prix collégial du cinéma québécois sera attribué au terme d'un long processus.

D'abord, il revient à un comité de cinq spécialistes (les critiques Manon Dumais (Voir) et François Lévesque (Le Devoir), l'historien du cinéma et critique Pierre Pageau, Martin Fortin du cinéma Beaubien et Ségolène Roederer de Québec Cinéma) de déterminer les cinq films en lice. Ensuite, les cégépiens voient les films et en débattent dans leur institution. Ils se mettent d'accord sur leurs trois meilleurs films et désignent un délégué qui ira défendre ces choix à l'occasion d'un camp du cinéma à Québec.

Marraine de l'événement, la cinéaste Micheline Lanctôt défend avec fougue ce nouveau projet. «On espère que le prix va inciter les jeunes à aller voir le cinéma québécois en salle. Il faut trouver les moyens de faire face au rouleau compresseur de l'offre américaine», a-t-elle dit.

«Il est important que les jeunes voient, comprennent mieux et s'attachent au cinéma québécois. Votre initiative est importante, car elle fait résonner notre raison d'être», a de son côté lancé Ségolène Roederer lors de l'annonce.

Le nom du lauréat sera connu le 9 mars, deux jours avant la soirée des Jutra. Une bourse de 1500$ sera remise au vainqueur. La remise de ce prix sera annuelle. Les organisateurs sont convaincus que, de 15 cette année, le nombre de cégeps participants augmentera substantiellement dans les années à venir.