La recette est simple. Pour avoir des foules en délire, un feu d'artifice de flashes, des conférences de presse où ça se bouscule et dont on s'arrache les places, suffit de faire appel à Angelina Jolie.

Samedi après-midi à la Berlinale, c'était la ruée pour assister à la rencontre de presse d'Angelina Jolie. Pas l'actrice, mais plutôt la réalisatrice du film In the Land of Blood and Honey, sur la guerre de Bosnie.

Accompagnée de ses 92 acteurs (j'exagère; ils n'étaient que 8), la belle brune de 36 ans a reçu une averse de compliments de la part de ceux-ci et quelques attaques de la presse serbe qui lui a reproché d'avoir fait un film manichéen. L'ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies s'est défendue avec vigueur en niant tout parti pris. Elle a ajouté que ce film était le film le plus important de sa carrière, que cela faisait deux ans qu'elle n'avait pas tourné comme actrice et que le retour à son métier serait dur. C'est pourquoi elle envisage  de tourner dans La Belle au bois dormant avec Disney, histoire de revenir en douceur...

Bel opus des frères Taviani


Angelina Jolie a peut-être fait l'événement ce week-end à Berlin, mais ce sont les frères Taviani, deux octos dynamos, qui nous ont offert le plus bel opus de la compétition jusqu'à maintenant avec César doit mourir, docudrame tourné dans la prison à haute sécurité Rebibbia, à Rome.

Pendant 76 minutes, criminels, meurtriers et mafieux jouent Jules César. En apparence, ils interprètent du Shakespeare. En réalité, ils jouent leur vie dans une mise en scène extraordinairement poignante qui se termine par cet aveu troublant d'un détenu: «Depuis que j'ai découvert l'art, ma cellule est devenue une prison.»

Autre beau film de la compétition: Meteora, du jeune Grec Spiros Stathoulopoulos, sur l'attraction sexuelle entre un moine et une nonne qui vivent dans les monastères suspendus dans le ciel parmi les pitons vertigineux des Météores à Thessalie, en Grèce.

Le thème du film rappelle celui de L'amour de Dieu, de Micheline Lanctôt, sauf pour les paysages, les pitons et la scène d'amour très explicite entre le moine et la nonne.

Dernier film captivant, Shadow Dancer, du Britannique James Marsh, qui nous entraîne en Irlande du Nord dans les années 90 au début du processus de paix.

Colette, une combattante de l'IRA qui s'est faite pincer dans un attentat raté, a le choix: croupir en prison pendant 25 ans ou trahir sa famille et devenir informatrice pour les services secrets britanniques. Le film est d'une efficacité remarquable et fait honneur à un festival qui s'avère être un grand révélateur des «bibittes» nationales des pays invités. En tant que spectateur, on en ressort immanquablement plus intelligent et plus informé qu'à l'arrivée.