À Sarajevo pour présenter son premier film de réalisatrice, la vedette américaine Angelina Jolie a braqué les projecteurs sur les violences qui secouent la Syrie et souhaité que son oeuvre puisse représenter un «cri d'alarme» pour la communauté internationale.

In the Land of Blood and Honey que la vedette présentait mardi soir dans une salle de sport de la capitale bosnienne où environ 5000 personnes étaient attendues, est une histoire sur les violences abominables faites aux femmes pendant le conflit bosnien (1992-95).

«Je suis très satisfaite de ce que nous avons réalisé (...) et je crois que le point central (du film) est le besoin d'une intervention lorsqu'elle est nécessaire tout comme le besoin de ne pas ignorer les atrocités lorsqu'elles sont perpétrées», a dit Angelina Jolie au cours d'une conférence de presse ayant précédé la projection de gala.

«Avec ce qui ce passe en Syrie actuellement, la sortie du film aujourd'hui est très importante», a-t-elle poursuivi.
Portant une robe noire, la vedette a martelé : «Si ce film montre du doigt quelqu'un, alors c'est la communauté internationale, et j'espère qu'il représentera un cri d'alarme pour elle».

Les Nations unies ont affirmé que les forces de sécurité syriennes avaient «vraisemblablement» commis des crimes contre l'humanité en réprimant ces onze derniers mois la contestation populaire, des opérations qui ont fait plus de 6000 morts, selon des militants.

Le film d'Angelina Jolie, dont tous les acteurs viennent des pays issus de l'ex-Yougoslavie, raconte la relation amoureuse entre une jeune femme musulmane (Zana Marjanovic) et un Serbe (Goran Kostic) qui se retrouvent dans des camps opposés après l'éclatement du conflit.

Le film avait déjà été diffusé en décembre dans un cinéma à Sarajevo, pendant une semaine. Il a été salué par des associations de victimes musulmanes de la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95), mais dénoncé en même temps comme étant «antiserbe» par des associations serbes.

Angelina Jolie a invité les Serbes à regarder son oeuvre «avec l'esprit ouvert».

«Je sais que les Serbes sont très intelligents et font preuve d'ouverture d'esprit. Ils sauront faire la différence entre ce qui leur a été imposé et ce qu'ils ressentent dans leurs coeurs», a-t-elle dit, faisant allusion aux guerres sanglantes ayant suivi l'éclatement de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990.

Selon des associations locales, environ 20 000 femmes (50 000 selon l'actrice citant diverses organisations internationales comme l'ONU), en majorité des musulmanes, ont été victimes de sévices sexuels pendant le conflit bosnien qui a fait quelque 100 000 morts.