Le producteur André Rouleau de Caramel Films est déçu et irrité par la décision de la Société de transport de Montréal (STM) de retirer les affiches faisant la promotion du film de hockey Goon: dur à cuire à la suite de quelques plaintes formulées par des usagers.

«Je suis déçu de voir le manque de sens de l’humour de certaines personnes. Est-ce à dire que la STM va ainsi réagir à chaque fois qu’un usager va se plaindre parce qu’il a vu un doigt d’honneur ou une personne légèrement vêtue sur une affiche?», demande-t-il.

M. Rouleau va plus loin, indiquant que les choses ne vont pas en rester là. Il compte discuter sous peu avec les responsables d’Alliance, le distributeur, afin d’évaluer les actions à prendre. «On ne se laissera pas faire», tonne-t-il.

Sur les affiches litigieuses, on voit la photo du comédien Jay Baruchel incarnant un hockeyeur un brin baveux avec la langue sortie entre deux doigts formant un V. Le tout, suggérant un acte sexuel. La photo est accompagnée de «Grossière indécence» en français et de «Gross misconduct» dans la langue de Hugh Hefner.

À Toronto, les mêmes affiches ont été retirées hier à la suite de plaintes formulées par des usagers du transport en commun.

«Au début, on riait parce que Toronto a beaucoup changé, dit André Rouleau. Toronto est devenue une ville d’art, de culture. Il survient parfois que de vieilles habitudes (ndlr : lire puritaines) ressortent. Mais à Montréal? Je suis très déçu.»

Film sur la violence au hockey, Goon : dur à cuire raconte l’histoire d’un bagarreur embauché par une équipe afin de protéger le joueur-étoile de celle-ci contre les agressions sauvages des adversaires. Chez les critiques de cinéma, le film a recueilli de nombreuses éloges.

Mieux encore, LaPresse.ca a appris que cet après-midi, tous les joueurs de l’équipe des Flyers de Philadelphie ont assisté à la projection du film dans un cinéma de Calgary. Les Flyers, qui jouent contre les Flames demain soir, ont réservé tous les billets de la première représentation de la matinée dans une salle du Cineplex Scotiabank Chinook pour regarder le film, nous a-t-on confié.

Quatre plaintes

Si certains critiques attribuent même quatre étoiles au film, à la STM, on dit avoir reçu quatre plaintes des usagers. À partir de celles-ci et du brouhaha torontois, les responsables de la STM sont allés voir les affiches dans le métro et ont décidé de les faire enlever.

«Cela indispose certaines personnes, indique Isabelle Tremblay, porte-parole de la STM. Il faut retenir que nous transportons des gens de tous les âges, toutes les cultures, etc.»
Comme ces affiches sont faites sur la forme d’un triptyque, les visages des comédiens Seann William Scott et Marc-André Grondin disparaissent en même temps que celui de Jay Baruchel.

Pour l’affichage publicitaire, la STM fait affaire avec une firme externe qui suit les règles imposées. «Mais parfois, la ligne est fine», reconnaît Mme Tremblay.

André Rouleau estime de son côté que la STM réagit bien tard. «Ça fait un jolie bout de temps que ces affiches sont vues dans les salles de cinéma, dit-il. Quant à la STM, elle aurait dû réagir lorsque nous avons présenté nos publicités.»

Selon Isabelle Tremblay, il est survenu à quelques reprises dans le passé que des affiches posées dans le métro ou sur des autobus soient retirées. C’est le cas par exemple des publicités de la pièce de théâtre Blasté où l’on voyait un personnage ensanglanté.