Pour la première fois de son histoire, l'Académie des Oscars a couronné un film entièrement produit dans un pays non anglophone. Le film français The Artist a en effet été désigné grand vainqueur de la 84e cérémonie des Oscars en remportant cinq statuettes, parmi lesquelles les deux plus prestigieuses, soit celles du meilleur film et de la meilleure réalisation. Jean Dujardin a été sacré meilleur acteur, devenant ainsi le seul acteur français lauréat d'un Oscar. Marion Cotillard demeure cependant la seule actrice à avoir obtenu la statuette pour un rôle en langue française!

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«Si Georges Valentin pouvait parler, a lancé l'acteur en anglais avant de s'exclamer en français, il dirait: "Wow! Putain! Génial! Formidable!"» Jean Dujardin a aussi rendu hommage aux stars du cinéma d'antan, notamment à Douglas Fairbanks. Il s'est notamment adressé à la petite-fille de ce dernier.

«En 1929, Douglas Fairbanks a animé la toute première cérémonie des Oscars, a-t-il déclaré. Les temps ont bien changé. Mais Melissa, sache que ton grand-père m'a beaucoup inspiré pour interpréter ce rôle.»

Le cinéaste Michel Hazanavicius, deuxième Français à être sacré meilleur réalisateur aux Oscars (après Roman Polanski), avait du mal à y croire. «J'ai un Oscar!, s'est-il exclamé avant de saluer le chien Uggie, l'un des personnages les plus populaires de son film. Vous faites de moi le plus heureux des cinéastes!»

Au moment de la consécration suprême, Hazanavicius a aussi tenu à rendre hommage à Billy Wilder, dont les films ont eu sur lui une grande influence.

The Artist s'est aussi inscrit au tableau d'honneur en remportant les Oscars de la meilleure trame musicale (Ludovic Bource) et des meilleurs costumes.

Streep couronnée

Si les lauréats étaient assez prévisibles dans les catégories de pointe, l'Académie a néanmoins réservé une surprise de taille. Vingt-neuf ans après avoir obtenu un Oscar grâce à Sophie's Choice, la grande Meryl Streep fut enfin consacrée de nouveau dimanche soir pour sa composition dans The Iron Lady. La favorite dans cette catégorie était Viola Davis (The Help), surtout depuis son sacre aux Screen Actors Guild Awards,

«Come on!» s'est exclamée la lauréate devant une salle qui lui a réservé une ovation. Émue en évoquant l'homme de sa vie, Meryl Streep a profité de la tribune pour remercier tous les collègues avec qui elle a eu l'occasion de travailler au cours de sa brillante carrière. «Ce qui compte le plus en fin de compte, c'est l'amitié, l'amour et la joie d'avoir fait tous ces films ensemble», a-t-elle ajouté.

Rien pour les Québécois

Même si des médias américains de référence laissaient entendre depuis quelques jours que la plus sérieuse concurrence d'Une séparation venait de Monsieur Lazhar dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, la logique a été respectée. Le sublime film d'Asghar Farhadi a été désigné victorieux, valant ainsi à l'Iran le premier Oscar de son histoire.

En guise de remerciement, l'auteur cinéaste a d'abord salué ses compatriotes du monde entier. Il a en outre évoqué la richesse et la pérennité de la culture de son pays avant de lancer un message de paix. «En cette époque où les politiciens pratiquent l'intimidation et l'agression, le peuple iranien reste respectueux de sa civilisation, malgré l'hostilité et le ressentiment.»

L'autre candidat québécois de la soirée, Patrick Doyon, n'est pas monté sur scène non plus. Son film Dimanche, en lice dans la catégorie du court métrage d'animation, a dû céder la place à The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore.

Des lauréats attendus

La soirée s'est somme toute déroulée selon le scénario prévu. Hugo, très beau film de Martin Scorsese, a transformé cinq de ses nominations en statuettes, essentiellement du côté technique (photo, direction artistique, effets visuels, montage sonore, mixage sonore). L'Oscar du meilleur montage est allé à The Girl with the Dragon Tattoo, et celui des meilleurs maquillages à The Iron Lady. Undefeated, campé dans le milieu du football, a par ailleurs obtenu l'Oscar du meilleur documentaire (devant Pina de Wim Wenders). Et Rango, celui du meilleur long métrage d'animation.

Sans surprise, Octavia Spencer a été sacrée meilleure actrice de soutien grâce à sa performance dans The Help. C'est sous une ovation que l'actrice, très émue, est montée sur scène.

«Merci, Académie, de me permettre d'être avec le gars le plus hot de l'endroit [en parlant d'Oscar]! , a-t-elle déclaré d'entrée de jeu. Et merci le monde!»

Aussi donné favori, le vétéran Christopher Plummer, âgé de 82 ans, est allé chercher son premier Oscar en carrière grâce à sa sensible composition dans Beginners.

«Tu es âgé d'à peine deux ans de plus que moi, où étais-tu passé pendant toute ma vie? , a demandé l'acteur canadien en s'adressant à sa statuette dorée. Je partagerais évidemment cet Oscar avec mon partenaire Ewan McGregor si j'avais la moindre décence, mais je n'en ai pas!», a ajouté le plus vieux lauréat de l'histoire des Academy Awards.

Midnight in Paris a valu à Woody Allen, absent de la cérémonie, l'Oscar du meilleur scénario original. Alexander Payne et ses coscénaristes ont de leur côté enlevé le prestigieux Oscar de la meilleure adaptation grâce à leur travail pour The Descendants.