Le cinéaste et romancier français Pierre Schoendoerffer est mort tôt mercredi, à 83 ans, des suites d'une opération à Clamart (banlieue parisienne), a annoncé à l'AFP sa famille, confirmant une information du Figaro.fr.

«Pierre Schoendoerffer de l'Institut de France, écrivain metteur en scène, documentariste, vice-président de l'Académie des Beaux-Arts, section cinéma et audiovisuel, est mort ce matin à l'hôpital militaire Percy», a indiqué sa famille dans un court communiqué.

Membre fondateur des César, Pierre Schoendoerffer s'était fait le témoin scrupuleux de la grandeur et de la misère des combattants, monde qu'il avait bien connu.

Prisonnier à Dien Bien Phu (Vietnam) en mai 1954, puis libéré, il avait quitté l'armée pour devenir reporter-photographe. Du Vietnam à l'Algérie, il était sur tous les fronts, menant à la fois une carrière d'écrivain, de grand reporter (Paris-Match, ORTF) et de cinéaste.

Après son premier film, La Passe du Diable (1958), il a alterné films de fiction et documentaires et écrit son premier roman en 1963, La 317e Section, qu'il a adapté à l'écran en 1965. Une oeuvre qui reste un des meilleurs témoignages sur la guerre d'Indochine, tandis que La Section Anderson, tourné deux ans plus tard, recevait l'Oscar du meilleur film documentaire.

Parmi ses oeuvres majeures, Pierre Schoendoerffer a écrit et adapté à l'écran Le Crabe tambour (1977, grand prix du roman de l'Académie française), puis L'Honneur d'un capitaine (1982), où il dressait à nouveau le portrait de soldats luttant pour l'honneur, sans illusions sur l'issue du combat.

Avec «Dien Bien Phu» (1991), il a réalisé une fresque guerrière puissante, doublée d'une méditation sur les sacrifices inutiles.

Le président-candidat Nicolas Sarkozy a salué un «fils spirituel de Joseph Kessel» dont l'«oeuvre engagée» a offert «la démonstration magistrale du rôle que jouent l'art et les artistes pour nous aider à mieux comprendre notre Histoire collective et le sens des destinées individuelles».

Son rival, le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande a rendu hommage à un «rare cinéaste ayant fait du film de guerre français un genre à part entière» qaui a «su filmer l'homme au plus près de lui-même dans des situations extrêmes, sans hésiter à mettre sa vie en jeu, pour son pays comme pour son art».

Né en 1928 à Chamalières (centre), le jeune Schoendoerffer s'était enthousiasmé à la lecture de Joseph Kessel et Joseph Conrad, et rêvait d'être marin. A 19 ans, il embarquait comme matelot sur un caboteur suédois et passait 18 mois en Baltique et mer du Nord.

Il s'était engagé en 1952 au service cinématographique des armées, où il avait fait ses débuts de caméraman en Indochine. Remplaçant à sa demande un camarade tué, il avait filmé pendant trois ans les atrocités de la guerre, été fait prisonnier par le Viêt Minh à Dien Bien Phu (1954) et passé quatre mois en captivité.

Démobilisé, il avait décide de rayonner dans la région, comme correspondant de guerre pour le magazine Life.