Il y a quelques semaines, un festival allemand aurait aimé consacrer une rétrospective au cinéma de Denys Arcand. Mais faute de copies originales de ses premiers longs métrages de fiction, le projet a échoué.

« De mes premières fictions, comme Réjeanne Padovani ou Gina, il ne reste plus de copies. Tout a été détruit », rappelle le cinéaste, que La Presse a rencontré dimanche en marge de l’inauguration des nouvelles urgences et du cinéma Céline-Dion de l’hôpital Sainte-Justine. C’est la conjointe de M. Arcand, la productrice Denise Robert, qui a mené ce projet de transformation extrême.

Pour ses œuvres documentaires de jeunesse, le cinéaste oscarisé se compte plus chanceux : « Elles ont été faites avec l’Office national du film. Il y a encore des copies. » Avec L’ONF, M. Arcand a tourné des œuvres documentaires telles On est au coton (1970), Québec : Duplessis et après (1972) et Le confort et l’indifférence (1981).

« Mes films de fiction plus récents peuvent être restaurés grâce au projet Éléphant (de Quebecor) », ajoute le réalisateur du Déclin de l’empire américain et des Invasions barbares.

Il faut signaler que la Cinémathèque québécoise possède des copies originales des films de M. Arcand, mais il ne sont pas disponibles pour des projections commerciales .

Denys Arcand a un autre film en préparation. Le scénario de Deux nuits (un titre de travail) a été présenté aux organismes de financement à la production. Le réalisateur s’attend à aller défendre son film en avril devant les instances, qui rendront leur décision fin mai.

Le cinéaste n’a pas encore choisi la distribution. « Si le projet est refusé, tous seraient déçus, dit-il. De toute façon, je crois aux auditions. C’est comme ça que j’ai toujours travaillé. »

Marc Gervais
M. Arcand a connu le jésuite Marc Gervais, grand théoricien du cinéma et professeur à l’Université Concordia, mort il y a quelques jours. Mais contrairement à la rumeur, M. Gervais n’a pas influencé le travail du cinéaste, parce qu’il lui a enseigné... la littérature.

« Lorsque je l’ai connu, il ne s’occupait pas de cinéma, relate M. Arcand. J’étais au collège Sainte-Marie, il y a un siècle de cela, et je l’ai eu comme professeur de littérature anglaise et de versification. J’avais 14 ou 15 ans. C’est avec lui que nous avons découvert Shakespeare et les poètes anglais. C’était un très bon professeur. »

Au sujet du projet mené par sa femme à l’hôpital Sainte-Justine, M. Arcand s’est dit très fier. « Pour partager sa vie, je sais que le nombre d’heures qu’elle a mis sur ce projet est invraisemblable. C’est tout à son honneur. »