Treize ans après American Pie, dont le succès mondial avait contribué à donner ses lettres de noblesse à la comédie «trash» américaine, la bande d'ados aux hormones en folie reprend du service pour un quatrième opus, qui les confronte aux défis de l'âge adulte.

Sorti en 1999, American Pie avait confirmé, un an après There's Something About Mary, l'appétit du public pour les comédies classées «R» aux États-Unis, c'est-à-dire interdites aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte.

Le film, célèbre pour une scène dans laquelle Jason Biggs faisait subir les derniers outrages à une tarte aux pommes, avait donné lieu à deux suites. La série avait amassé plus de 700 millions de dollars dans le monde.

Universal, producteur de la franchise, a ensuite décliné la série en films directement destinés au marché vidéo -et sans la distribution originale- avant de se décider à reformer la folle équipe pour un American Pie 4, qui sort vendredi en Amérique du Nord et le 2 mai en France et en Belgique.

Plutôt que de faire appel aux auteurs des premiers opus, Universal a choisi du sang neuf et confié le film à Jon Hurvitz et Hayden Schlossberg, à qui l'on doit la série de comédies Harold et Kumar- également classées «R».

Prendre en marche le train d'une franchise déjà très populaire ne leur a pas posé problème. «Nous sommes de grands fans du premier American Pie», expliquait Jon Hurvitz lors de la présentation du film à la presse à Beverly Hills. «Nous étions à l'université quand il est sorti et on se le repassait sans cesse. Donc nous connaissions très bien la franchise et ses personnages».

Mais comment justifier scénaristiquement la réunion de tous les personnages treize ans après leurs premières aventures? «C'était clairement un défi», remarque Jon Hurvitz. «Mais nous avons pensé qu'une réunion d'anciens élèves était le concept parfait pour retrouver le groupe et donner à chacun une histoire et une occasion de briller».

On retrouve donc la bande de copains, devenus des trentenaires un peu déçus de leur vie personnelle ou professionnelle, mais bien décidés à profiter de cette réunion d'anciens élèves pour retrouver leurs émotions adolescentes. Avant de découvrir qu'ils n'en ont peut-être plus l'âge.

«Pour les acteurs aussi c'était un film nostalgique», déclare à l'AFP Dania Ramirez, qui interprète le rôle de Selena. Depuis le dernier American Pie en 2003, «ils ont chacun suivi leur chemin, leur carrière, ils sont devenus adultes, certains se sont mariés, ont eu des enfants. Ils se sont retrouvés sur le film, après parfois plusieurs années sans se voir».

D'origine dominicaine, elle est la seule petite nouvelle de la distribution, et apporte au film la touche hispanique absente des premiers American Pie, devenue aujourd'hui incontournable à Hollywood.

«Cela dit quelque chose sur ce que les personnes d'origine latine représentent dans ce pays. Il est devenu très important pour Hollywood d'intégrer plus de personnages hispaniques dans ses films», dit-elle, alors que les studios font tout pour séduire le public latino, le plus friand de cinéma aux États-Unis.

Dans un paysage de la comédie «trash» en perpétuel renouvellement -The Hangover, Bridesmaids-, cet American Pie 4 paraît parfois assez sage, même si le film a son lot réglementaire de blagues salaces, de nudité frontale et de références scatologiques.

Ses auteurs affirment ne pas avoir voulu faire la course à la vulgarité. «Tous les réalisateurs de comédie sont aujourd'hui confrontés à cette question: "Jusqu'où aller?"», observe Hayden Schlossberg. «Je pense que ce sont les mauvais films qui vont trop loin. On sent qu'ils veulent juste essayer de trouver quelque chose de choquant.

Pour nous, le plus important c'est d'avoir de vrais personnages».