Venue du journalisme, Alix Delaporte propose un premier long métrage au cœur duquel figure une histoire d’amour atypique.

Le cinéma est arrivé par hasard dans la vie d’Alix Delaporte. D’abord journaliste au sein d’une agence de presse, la réalisatrice s’est intéressée très vite aux images. Ses reportages furent rapidement mis au service de différentes chaînes de télé. Au point où elle a un jour été repérée par la chaîne spécialisée Canal Plus.

« C’est à cette époque que j’ai suivi plus particulièrement le monde du football, a-t-elle raconté récemment au cours d’une interview à Paris. On m’a demandé à cette époque de réaliser des portraits de joueurs pendant la Coupe du monde de 1998. J’ai ensuite tourné un rendez-vous régulier avec Zinedine Zidane pour Canal. Je l’ai suivi pendant deux ans. On en a d’ailleurs fait un DVD sur l’ensemble de sa carrière. Jamais je ne m’étais alors dit que je ferais un jour du cinéma ! »

Entre Comme un rêve (titre du DVD sur Zidane), sorti il y a 10 ans, et Angèle et Tony, son premier long métrage, il y a un monde. Le changement de cap s’est d’abord manifesté par une envie d’écriture. Une entrée à la FEMIS (la prestigieuse école de cinéma française) à l’atelier scénario a scellé le reste.

Après deux courts métrages, dont l’un, intitulé Comment on freine dans une descente, mettait déjà en vedette Clotilde Hesme, Alix Delaporte s’est enfin lancée dans l’écriture d’Angèle et Tony, un premier long métrage dont l’intrigue tourne autour d’une histoire d’amour un peu atypique. Les deux vedettes du film, Clotilde Hesme et Grégory Gadebois, ont récemment été sacrés meilleurs espoirs féminin et masculin à la cérémonie des Césars du cinéma français.

Des sentiments inédits

L’histoire est celle d’une jeune femme qui débarque dans un port de pêche de Normandie pour se reconstruire une vie. Elle tombe amoureuse de Tony, un marin pêcheur solide qui, malgré son désir pour elle, tient néanmoins à garder ses distances. Le récit explore cette rencontre un peu décalée, à travers laquelle ces deux êtres vibrent au rythme de sentiments inédits pour eux.

« À partir du moment où j’ai fait de Tony un marin pêcheur, l’écriture est devenue beaucoup plus facile, fait remarquer l’auteure cinéaste. Ce cadre me ramenait directement à ma propre enfance. Ma famille maternelle venant de la Normandie, j’y ai pratiquement passé toutes mes vacances. J’ai toujours vu en ces pêcheurs des personnages très romanesques, des héros. Je me suis beaucoup nourrie de cinéma américain et étranger quand j’étais jeune. Si Angèle et Tony avait été campé aux États-Unis, j’en aurais fait un western, ça c’est sûr. Les pêcheurs, ce sont mes cow-boys à moi ! »

Pour trouver son héroïne, Alix Delaporte s’est pourtant refusée au départ à céder à l’évidence. Plutôt que d’attribuer tout de suite le rôle à Clotilde Hesme, l’actrice qu’elle avait déjà en tête au moment de l’écriture du scénario, la réalisatrice a tenu à faire un casting traditionnel. Plusieurs actrices ont fait des essais.

« Je voulais quand même faire l’exercice, car il fait aussi partie d’un travail de réalisation. Il faut être en mesure de faire des choix dans un contexte où il est plus difficile de tirer le meilleur d’un acteur. Mais il a bien fallu me rendre à l’évidence. Clotilde s’est approprié le personnage très vite. Au point où j’en fus même un peu déstabilisée au départ. Pas toujours évident de voir une actrice de talent prendre un personnage avec lequel tu as vécu pendant trois ans et partir avec ! »

Un héros romantique

Grégory Gadebois a de son côté été révélé à la réalisatrice grâce au théâtre. La carrure de l’homme, son intelligence instinctive, sa façon d’incarner le rapport simple aux éléments de la nature, constituaient en outre des caractéristiques faisant de lui le Tony idéal aux yeux d’Alix Delaporte. Comme un nouveau héros romantique dont l’aspect ne correspondrait pas tout à fait à l’image qu’on se fait habituellement d’un héros romantique au cinéma. « J’aimais justement cette idée de prendre un gars avec une drôle de tête, qui laisse croire au spectateur que jamais il ne pourrait séduire une fille aussi belle, précise la réalisatrice. Personnellement, le physique de Tony me fait complètement craquer. Je le trouve super sexy. L’idée de faire en sorte que la majorité des spectatrices – pas toutes évidemment – aient envie d’être dans ses bras me motivait beaucoup ! »

Angèle et Tony prend l’affiche le 13 avril.

Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.