Si son nom semble prédestiné, Webb sonnant comme web (toile en anglais), ses «états de service», par contre, ne pointaient pas en direction du film de superhéros. Marc Webb, réalisateur connu pour la comédie romantique (500) Days of Summer, se retrouve toutefois à la barre de The Amazing Spider-Man. Sa mission: redémarrer la franchise. Il n'a pas hésité. Il explique pourquoi.

Marc Webb est un fan fini de Spider-Man. Il l'est encore plus de Peter Parker. L'homme derrière le masque parle depuis toujours à l'homme derrière la caméra. «J'ai su que ce serait un défi incommensurable, mais je ne pouvais pas ne pas l'accepter», a indiqué le réalisateur de The Amazing Spider-Man lors d'une entrevue accordée à La Presse dans un hôtel de SoHo.

C'est donc un homme «aussi formidablement excité que terriblement effrayé» qui s'est penché sur le scénario destiné à redémarrer la franchise Spider-Man, 10 ans après le premier volet de la trilogie signée Sam Raimi. Celle-ci mettait en vedette Tobey Maguire, a coûté au total 597 millions, a rapporté 2,5 milliards au box-office mondial et chaque film a battu des records d'assistance en Amérique du Nord lors de sa journée d'ouverture.

Des faits et chiffres à donner le tournis à celui dont ce serait le deuxième long métrage seulement. Le premier faisant partie d'une tout autre catégorie - en genre et en budget: succès-surprise de l'été 2009, (500) Days of Summer est une comédie (pas si) romantique, indépendante, originale, douce-amère, mise en valeur par une réalisation dynamique, qui s'attardait avec intelligence sur les personnages et sur ces moments de vie petits en apparence, mais grands en importance.

C'est ce traitement de l'humain et de l'émotion qui a attiré l'attention du producteur Matt Tolmach sur Marc Webb lorsque le projet The Amazing Spider-Man est entré de façon sérieuse en phase de création. «Nous cherchions quelqu'un qui poserait un regard différent sur Peter Parker, a indiqué le producteur en conférence de presse. Quelqu'un qui aurait une approche émotionnelle et provocante du personnage.» Un personnage qui célèbre cette année ses 50 ans et qui est le plus aimé des superhéros... parce qu'il n'est pas un superhéros, mais «seulement» un héros.

«Il est celui auquel il est le plus facile de s'identifier: c'est un adolescent, et en général, on entre en contact avec les comic books à l'enfance ou à l'adolescence. Il n'est pas multimillionnaire, il n'est pas extraterrestre, c'est un garçon du Queens comme on en voit beaucoup... jusqu'à la piqûre de l'araignée. Bref, il possède une qualité domestique unique. Il sauve la veuve et l'orphelin, mais il doit aussi rapporter des oeufs à tante May», résume Marc Webb, dont l'un des défis a été de trouver l'équilibre entre les grandes scènes d'action, obligatoires dans le contexte, et les autres, de plus petite échelle, plus intimes.

Peter Parker

D'où l'attention portée à Peter Parker dans The Amazing Spider-Man. Parce que c'est lui qui se trouve au coeur du récit. «Nous racontons l'histoire des origines de Peter, pas celle de Spider-Man. Pour cela, nous devions adopter une approche plus naturaliste, moins stylisée que celle de Sam Raimi», poursuit le réalisateur.

À cette fin, Marc Webb a reculé plus loin dans le temps et présente Peter à l'âge de 7 ans. Il vit avec ses parents, qui disparaissent après l'avoir confié à tante May et oncle Ben (Sally Field et Martin Sheen). Dix ans plus tard, le garçon (Andrew Garfield) porte toujours en lui la blessure de cette «défection». Il est solitaire, par choix. Il est mûr. Il est aussi en colère. Et il cherche des réponses. Il tentera d'en trouver en suivant les indices découverts dans une mallette ayant appartenu à son père.

Sa quête le conduit à une entreprise où se fait de la recherche en génétique. C'est là qu'il rencontre le docteur Connors (Rhys Ifans), qui est manchot, qui s'intéresse aux reptiles possédant la capacité de régénérer un appendice amputé et qui a connu les parents de Peter. C'est là aussi qu'il se fera piquer par une araignée mutante - et que sa vie va être bouleversée. Vie de famille, où le drame sera au rendez-vous. Vie scolaire également, où l'amour, le premier grand amour, sera au rendez-vous.

Gwen Stacy

Ici, entrée de Gwen Stacy (Emma Stone). La fille du capitaine de police (Denis Leary). «Dans les comic books, elle sait que Peter est Spider-Man... du moins, à différents degrés. Mais pour moi, il était essentiel qu'elle soit au courant parce que quand on est adolescent et qu'on tombe amoureux pour la première fois, on s'ouvre complètement, on se fait confiance à 100%. C'est pour cela que le lien est aussi fort et qu'à cet âge, tout peut être aussi fantastique qu'apocalyptique», fait le réalisateur dont le film se retrouve, en ton et en date de sortie, entre le dynamique The Avengers et le sombre The Dark Knight Rises.

Un commentaire? «Je sens la pression, mais c'est avant tout un honneur de faire partie d'un tel été», conclut Marc Webb.

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The Amazing Spider-Man (L'extraordinaire Spider-Man) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.