L'acteur américain Ethan Hawke est entré en scène jeudi à la Mostra dans la peau d'un pasteur austère rongé par la culpabilité qui va redonner un sens à sa vie en s'identifiant avec l'activisme radical et justicier d'un militant environnemental.

First Reformed, dernière oeuvre du vétéran d'Hollywood Paul Schrader, met en scène un ancien aumônier militaire, Ernst Toller (Ethan Hawke), ravagé par la mort de son fils qu'il a poussé à aller combattre en Irak.

Ethan Hawke, 46 ans, est méconnaissable dans le rôle minimaliste du pasteur solitaire porté sur le whisky, en intense dialogue intérieur avec Dieu via un journal intime rempli de ses doutes.

Reclassé à faire des visites guidées dans une petite église historique en bois blanc sans paroissiens, First Reformed, il est sollicité par une jeune femme enceinte (Amanda Seyfried) très inquiète pour son mari aux idées noires, sauveur de l'environnement gagné par une vision apocalyptique de l'avenir et réfractaire à l'idée à devenir père.

Après le film d'ouverture bourré d'ironie, avec un Matt Damon qui se miniaturisait pour sauver la planète surpeuplée, la deuxième oeuvre en lice utilise le thème du changement climatique comme un puissant catalyseur chez le pasteur torturé à la recherche d'un nouveau sens dans sa vie.

Son regard éteint reprend vie lorsqu'il se rapproche de la jeune «Mary» enceinte (un prénom qui n'est pas choisi au hasard) et qu'il se plonge sur internet dans l'univers de l'activiste peuplé de déchets industriels et de fleuves contaminés, devinant soudain que sa congrégation religieuse (Abundant Life) entretient des liens douteux avec des groupes industriels pollueurs.

Style minimaliste

Le film dépouillé et lent, presque un long sermon qui s'égrène à travers la crise religieuse et personnelle du protagoniste principal, est un pari courageux qui ne battra sans doute pas des records au box-office. Mais la dernière ligne droite, qui sera jugée un brin excessive et abrupte par certains, est spectaculaire.

«J'ai choisi délibérément un style minimaliste. Je n'ai jamais fait un film comme cela auparavant», indique Paul Schrader, 71 ans. Le cinéaste a reçu une éducation calviniste très stricte d'un père qui lui a interdit d'aller au cinéma avant ses dix-huit ans.

Les critiques ont qualifié le film d'hommage (très modernisé) au film français de Robert Bresson, Journal d'un curé de campagne (1951), dans lequel un curé malade livre ses pensées intimes.

Paul Schrader signe ici un récit dramatique intense très axé sur le spirituel, loin de sa veine de thrillers. À mille lieues de son The Canyons, avec Lindsay Lohan et l'acteur porno James Deen, un thriller érotique qui s'était fait laminer par la critique à Venise en 2013.

Le prolifique réalisateur - devenu célèbre en écrivant les scénarios de Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese ou encore ceux de Raging Bull et American Gigolo - indique avoir eu en tête le scénario de son dernier film depuis cinquante ans.