Violence toujours, mais canine cette fois, à la Mostra de Venise qui, trois jours avant son dénouement, a proposé mercredi en compétition un film turc dans lequel les chiens n'ont pas vraiment le beau rôle.

Également projeté mercredi, le quatrième film français en lice pour le Lion d'or, Le dernier coup de marteau d'Alix Delaporte.

Faux sang, mais vrai message - «Sortez, Sortez!», a lancé au réalisateur, le Turc Kaan Müjdeci, un spectateur indigné après la projection de son premier long métrage, Sivas.

Le cinéaste y met en scène des combats de chiens dans un village reculé d'Anatolie, à en donner des frissons même aux plus indifférents à la cause animale.

Il présente Aslan, un petit garçon de 11 ans (le touchant Dogan Izci) au caractère bien trempé, et un chien de combat, Sivas, laissé pour mort mais que l'enfant parvient à tirer d'affaire à force de cajoleries.

Ajoutez à cela une idylle naissante entre Aslan et une petite fille du village et tous les ingrédients auraient pu être réunis pour une version moderne de Belle et Sébastien.

Sauf que là n'est par le propos du réalisateur, qui avait déjà traité le sujet des combats canins dans un documentaire.

Là, les combats sont fictifs, au grand soulagement de ceux qui dans la salle auraient pu en douter.

Et s'il faut attendre l'extrême fin du générique pour voir apparaître l'apaisante mention «Aucun animal n'a été blessé dans le film», le réalisateur l'a confirmé en conférence presse.

«Il y a de nombreuses techniques qui nous permettent de faire cela sans faire couler le sang (...) mais je n'ai pas envie de donner trop de détails parce qu'il n'y aurait plus de magie. C'est comme pour un film de science-fiction où des choses apparaissent ici ou là sans que personne ne se demande comment c'est possible», a expliqué Kaan Müjdeci.

Le film condamne-t-il pour autant les combats? «On est en 2014 et je ne pense pas que tous les films doivent adresser un message, ce serait absurde. J'ai simplement voulu montrer que cet enfant avec son innocence (...) est entraîné vers autre chose. Il ne veut pas faire combattre son chien mais on le pousse à le faire et il ne l'accepte pas».

«Ferais-tu combattre ton fils?», demande-t-il à son père. «C'est un chien de race, fait pour combattre», répond ce dernier.

«Que chacun en tire le message qu'il veut», a conclu le réalisateur.

Trouver sa voie

Difficile d'être parent... et d'être enfant - C'est encore un petit garçon, Victor (Romain Paul), qui est le héros du deuxième film du jour, Le dernier coup de marteau d'Alix Delaporte qui revient à Venise où elle avait reçu un Lion d'or du court métrage en 2006.

Après Angèle et Tony, dûment auréolé aux Césars en 2012, ce deuxième long métrage tout en finesse parle de la difficulté pour un enfant de trouver sa voie sans ses parents mais aussi de celle des parents d'«élever des enfants libres et indépendants», a expliqué la cinéaste à la presse.

Le contexte: une jeune mère, malade (Clotilde Hesme) élève son garçon de 13 ans dans une caravane dans les environs de Montpellier. Elle l'incite à aller voir son père chef d'orchestre (Grégory Gadebois), qui ne le connaît pas et qui répète la 6e symphonie de Mahler, laquelle fait entendre trois coups de marteau dans son final.

Alix Delaporte, qui est passée par le reportage avant d'arriver à la fiction, a dit travailler «avec l'idée d'une seule prise». La meilleure façon, selon elle, de «ne pas tricher».

Jeudi, à deux jours du clap de fin, la Mostra présentera le très attendu Pasolini, les dernières heures du sulfureux intellectuel italien, mort en 1975, vues par Abel Ferrara.