Il n'y a plus de doute possible. Xavier Dolan est véritablement une star du cinéma international. Le public de la Sala Grande, où ont lieu les projections officielles des films de la compétition, a réservé une ovation à Tom à la ferme, présenté hier en primeur mondiale. Pendant toute la durée de la merveilleuse chanson Going to a Town de Rufus Wainwright, qui accompagne le générique de fin, des applaudissements nourris ont été entendus. Qui se sont prolongés pendant plusieurs minutes encore, même une fois le rideau fermé. Assis à la tribune d'honneur en compagnie de son équipe, le cinéaste québécois était visiblement ému. Et il savourait le moment.

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Auparavant, Xavier Dolan s'était livré au jeu de la conférence de presse et avait déjà accordé de nombreuses interviews. Il est d'ailleurs assez remarquable de constater à quel point l'enthousiasme des festivaliers monte d'un cran dès qu'il apparaît quelque part. Dans la salle où se tiennent les conférences de presse, les journalistes lui ont réservé un accueil chaleureux. Les invités et spectateurs de la projection officielle aussi. Il y a d'évidence quelque chose dans le parcours du jeune créateur qui, partout sur la planète cinéma, frappe l'imagination.

Encore secoué par l'ovation, Xavier Dolan a livré ses impressions à La Presse quelques minutes après la projection.

«Oui, ce genre d'accueil me surprend toujours, dit-il. C'est probablement le plus beau moment qu'aura la vie de ce film-là. Après, on ne sait pas ce qui peut survenir. C'est absolument imprévisible. Mais ce soir, ce moment est bien concret. Et c'est le genre d'images qu'on retient pour se motiver à toujours vouloir progresser, à toujours vouloir être meilleur. On s'accroche à ces moments-là !»

Le besoin de tourner

Plus tôt dans la journée, l'auteur cinéaste a évoqué sa démarche devant un parterre de journalistes internationaux. Il a notamment expliqué comment le projet d'adaptation de Tom à la ferme est devenu bien concret plus tôt que prévu.

«Nous avions prévu le faire sur une plus longue période, a-t-il précisé. À mon retour de Cannes l'an dernier, c'était après la présentation de Laurence Anyways, j'avais pourtant besoin de tourner un film rapidement. Or, Tom à la ferme était le seul de mes projets qui pouvait se concrétiser assez rapidement en terme de rythme de production. J'ai téléphoné à Michel-Marc Bouchard pour lui apprendre qu'au lieu de s'étaler sur deux ans, notre travail d'écriture allait se faire au cours des deux prochains mois ! »

À cet égard, un important travail de réécriture a dû être fait en compagnie du dramaturge afin que le film emprunte un véritable souffle cinématographique. " Ce qui était seulement suggéré dans la pièce devait être vu au cinéma ", fait remarquer Xavier Dolan.

Outre le fait de s'attaquer pour la première fois à un film de genre, le thriller psychologique, le réalisateur a voulu cette fois se mettre au service de l'histoire, sans faire de digressions.

«Tom est tellement marqué par la mort de son amant qu'il ne ressent même pas la violence qu'on lui inflige, fait remarquer celui qui tient aussi le rôle principal du film. À vrai dire, on a affaire ici à une psychose. On plonge dans les névroses de deux êtres qui essaient ensemble de combler un vide. »

Après son passage à la Mostra, Xavier Dolan se dirige vers le Festival de Toronto, où son film est inscrit dans la section des «présentations spéciales». Dès le 16 septembre, il entame ensuite le tournage de Mommy, un film dont les têtes d'affiche sont Anne Dorval et Antoine-Olivier Pilon.

Tom à la ferme prendra l'affiche dans les salles du Québec au mois d'octobre.