Même mort, Michael Jackson a réussi vendredi à voler la vedette au festival de Venise, où Spike Lee a fait l'événement en présentant un documentaire sur le King of Pop, intitulé Bad 25, à l'occasion du 25ème anniversaire de la sortie de l'album Bad.

Parallèlement, deux films ont été présentés en compétition, dont le corrosif Paradies : Glaube (Paradis : foi) de l'Autrichien Ulrich Seidl, un opus-choc sur le rapport tourmenté et obsessionnel d'une femme avec la religion catholique en général et Jésus en particulier.

Michael Jackson, King of Pop pour l'éternité

Loin des scandales qui ont entouré Michael Jackson de son vivant, le réalisateur Spike Lee choisit de remettre au premier plan l'artiste hors pair disparu en 2009 à travers un documentaire de deux heures retraçant la genèse et le succès de l'album Bad, sorti en 1987.

«J'ai travaillé avec Michael Jackson et je le considérais comme un ami, mais j'ai appris beaucoup sur lui en examinant les documents» pour ce film, explique le réalisateur de Malcolm X, qui donne à voir un bourreau de travail à la recherche de la perfection.

Pour son documentaire, Spike Lee a recueilli les témoignages de pointures comme Martin Scorsese (réalisateur du clip Bad), Quincy Jones (le producteur de Jacko), Mariah Carey et Sheryl Crow, mais aussi de musiciens, danseurs et techniciens de talent qui l'entouraient.

Des images prises sur le tournage de ses clips montrent un homme enjoué qui s'amuse tout en restant un grand professionnel. «Ce documentaire montre un côté plus personnel de la légende. Il avait un grand sens de l'humour et était très drôle», tient à souligner Spike Lee.

Alors que la tragédie humaine de Michael Jackson face à ses procès et ses dépendances et sa mort soudaine ont obscurci sa sortie de scène, Spike Lee cherche à montrer le caractère exceptionnel de cet artiste qui a vendu 100 millions d'albums avec Thriller et enchaîné sur un autre succès avec Bad.

«Pas besoin d'être un fan inconditionnel de Michael Jackson pour apprécier ce film», rassure Spike Lee, qui a pu utiliser des vidéos filmées par Michael Jackson en personne et jusqu'ici inédites.

Dur dur d'être Jésus

En lice pour le Lion d'or, Paradis : Foi de l'Autrichien Ulrich Seidl est un coup de poing dans le ventre au parfum de scandale sur le sexe et la religion, deux thématiques d'autant plus sensibles qu'elles sont juxtaposées.

Anna Maria mange seule, dort seule, chante seule. Sa seule compagnie : les crucifix et images religieuses qui ornent les murs sinon tristement dépouillés de sa maison trop propre et ordonnée. Son seul amour : Jésus, à qui elle voue un culte qui tourne à l'obsession amoureuse.

Cette cinquantenaire tirée à quatre épingles lui parle, se fouette devant lui et va même encore plus loin. Des scènes qui mettent mal à l'aise croyants comme non-croyants, non à cause de leur caractère choquant mais de la solitude et misère affective dont elles sont le symptôme.

Anna Maria «ne comprend pas que c'est justement son adoration aveugle envers Jésus qui la conduit à l'inhumanité et à l'incapacité de ressentir de l'amour, et aussi à la perte de cette vertu chrétienne qui permet d'aimer son prochain», explique le réalisateur.

Le film ne manque pas non plus d'aspects comiques, comme lorsqu'Anna Maria, membre actif de «l'armée du corps de Jésus», part en mission dans les cages d'escaliers avec une statue de la Vierge et sonne à toutes les portes pour tenter de convertir les âmes égarées.

Le film, deuxième volet de la trilogie Paradis, a été très applaudi par le public du Lido.