Les réalisatrices sont en force cette année au Festival de Venise, qui a choisi comme film d'ouverture le dernier opus de la réalisatrice indienne Mira Nair, à laquelle viendront s'ajouter une vingtaine de consoeurs réparties dans toutes les sections de la Mostra.

«Je crois qu'au total il y aura 21 femmes réalisatrices. Cela ne relève pas d'un choix délibéré, nous nous en sommes rendus compte seulement à la fin. C'est un phénomène dont je suis le premier surpris», a confié à l'AFP le tout nouveau directeur du festival, Alberto Barbera, avant le début de la Mostra.

«Peut-être est-ce le signe que finalement quelque chose est en train de changer dans le monde du cinéma, qui est comme nous le savons très sexiste», se prend à rêver Alberto Barbera.

Si les actrices volent souvent la vedette à leurs collègues masculins sur les tapis rouges de Hollywood et Cannes, les femmes réalisatrices sont en revanche ultra-minoritaires.

Le directeur de la Mostra le reconnaît lui-même avec honnêteté: la forte présence de femmes est «peut-être un hasard, comme le fait qu'à Cannes elles étaient si peu nombreuses!». Une manière aussi de donner un petit coup de griffe amical à ses concurrents de la Croisette.

Lors du dernier festival de Cannes, la polémique sur la faible place accordée aux réalisatrices avait fait rage, conduisant le président Gilles Jacob à considérer comme une «honte» qu'une seule femme à ce jour ait décroché la Palme d'or (Jane Campion pour La leçon de piano).

«Ce n'est pas à Cannes, ni au mois de mai, qu'il faut poser le problème, c'est toute l'année», avait de son côté affirmé le directeur du festival Thierry Frémaux.

Créativité au féminin

À Venise, quatre femmes ont l'honneur de figurer en compétition officielle cette année: l'Italienne Francesca Comencini (Un giorno speciale), Jessica Woodworth pour un film à quatre mains avec Peter Brosens (La cinquième saison), Rama Burshtein (Lemale Et Ha'Chalal, Fill the Void) et Valeria Sarmiento (Linhas de Wellington).

En outre, «Les journées des auteurs», section parallèle de la Mostra, seront ouvertes par des «Contes de femmes», à savoir quatre courts métrages signés par les réalisatrices Zoe Cassavetes, Lucrecia Martel, Giada Colagrande et Massy Tadjedin.

Vendredi sera aussi organisé à l'Hôtel Excelsior, l'un des centres névralgiques de la Mostra, un débat sur la créativité au féminin avec Liliana Cavani, Mira Nair et Susanne Bier.

Cette 69e édition du Festival Venise devrait donc être l'occasion de réfléchir au rôle des femmes dans le cinéma et d'expliquer leur faible représentation derrière la caméra.

Après les quotas en politique et dans les conseils d'administration, faudra-t-il en arriver à la même solution pour le cinéma?

Une question à laquelle tenteront de répondre les réalisatrices présentes sur le Lido, sous l'oeil bienveillant d'Alberto Barbera qui salue cette forte présence féminine et «souhaite que ce phénomène devienne permanent».