Pour son premier long métrage de fiction, la Canadienne Gia Milani réussit un pari audacieux en proposant, avec All The Wrong Reasons, un film choral marqué par des personnages tordus travaillant dans un magasin à grande surface et une montée en puissance jouissive.

Mieux encore, l'oeuvre qui a valu à sa réalisatrice le prix saluant un cinéaste d'avenir au dernier Festival international du film de Toronto, a été sauvée in extremis par feu l'acteur Cory Monteith, qui a accepté de jouer le premier rôle masculin quelques heures à peine après le retrait du candidat retenu à l'origine. Ce fut son dernier rôle au cinéma.

La comédienne québécoise Karine Vanasse y défend également le rôle de Kate, un personnage engoncé dans un curieux mal-être depuis un choc post-traumatique.

En dépit de certains indices qui trahissent quelques ressorts scénaristiques et une finale décousue, ce film présenté dans la section Focus du Festival du nouveau cinéma nous fait passer un beau moment de cinéma.

Nous en avons parlé avec la réalisatrice Gia Milani au cours d'un échange de courriels.

Q : Vous avez scénarisé et réalisé le film. Qu'aviez-vous à nous dire?

R : Je voulais explorer le fait que toutes sortes de traumatismes viennent influencer nos vies, et la manière dont nous réagissons à ceux-ci. Il y a quelque chose de puissant dans le renforcement négatif, et les mauvais impairs de la vie nous influencent plus que nous voulons le croire. Mais en travaillant fort et à long terme, on peut surmonter ces obstacles.

Q : Tous vos personnages sont denses et riches. Pouvez-vous les résumer?

R : Je les aime tous! Chacun d'entre eux essaie, et pas toujours de la bonne façon, d'améliorer son sort. Ils croient tous qu'ils font de leur mieux et qu'ils sont justifiés de faire les gestes dont nous sommes témoins. Dans le cas de Kate, elle vit avec un stress post-traumatique comme celui dont a été victime un de mes amis soldats à la suite d'une rotation en Afghanistan. Mais en ce qui concerne Kate, les circonstances de son mal sont fictives.

Q : Qu'avez-vous vu en Karine Vanasse pour le rôle de Kate?

R : J'ai rencontré Karine six mois avant le tournage. Elle a compris la personnalité de Kate du premier coup. Bien que son histoire soit dure, je ne voulais pas d'un personnage déprimé, et Karine a interprété Kate avec grande justesse. C'est une des comédiennes les plus polyvalentes que j'ai rencontrées. Et dans la vraie vie, elle est intègre et a de la classe.

Q : Parlez-nous de Cory Monteith, l'acteur.

R : Cory a pris le rôle en sachant parfaitement ce qu'il avait à faire. Et pour cause, il avait travaillé durant deux ans dans un Walmart avant de devenir acteur. Il connaissait la vie dans ces magasins. Une fois sa présence acquise, nous avons peu changé le caractère du personnage, quelqu'un d'ambitieux, qui se fixe des objectifs, mais qui se lasse d'attendre. Cory était très gentil et nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui.

Q : Que signifie le titre de votre film?

R : J'ai choisi ce titre parce que chacun des personnages principaux de l'histoire fait des choix pour les mauvaises raisons! Ils ne modulent pas leurs choix en fonction de l'amour, de l'amitié ou encore d'un désir de gentillesse. Non! Ceux-ci sont alimentés par la peur, l'insécurité et la perte d'identité.

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Aujourd'hui, à 17h, au cinéma Excentris (salle Fellini) Samedi, à 19h, au cinéma Excentris (salle Cassavetes)