Ayant établi sa réputation en intégrant le monde de la porno gaie dans son cinéma, le cinéaste canadien Bruce LaBruce propose cette fois Gerontophilia. Dans ce film de facture plus classique, lancé à la Mostra de Venise, le réalisateur de L.A. Zombie aborde la question des relations intergénérationnelles en évoquant le désir sexuel qu'éprouve un jeune homme pour un octogénaire...

Q : On a l'impression qu'avec Gerontophilia, vous avez adouci votre approche si on la compare avec celle, beaucoup plus frontale, que vous utilisiez dans vos films précédents. Est-ce un choix précis?

R : Tout à fait. Après avoir proposé sept ou huit films dans lesquels il y avait des scènes sexuellement explicites, j'avais cette fois envie de toucher un public plus large. Cela dit, je ne veux pas éviter la controverse pour autant. J'aime déboulonner les tabous et je sais que certaines personnes seront peut-être choquées par l'histoire que je raconte dans ce film. Mais je n'ai rien inventé. Je me suis inspiré d'histoires déjà entendues dans mon entourage. Des jeunes qui éprouvent du désir sexuel pour des personnes âgées, c'est plus fréquent qu'on le pense!

Q : Le cinéma gai est-il aujourd'hui aussi pertinent qu'il y a 10 ou 20 ans? A-t-il beaucoup changé?

R : En ce qui me concerne, mon cinéma est né du mouvement punk. J'ai toujours tenu à raconter mes histoires dans cet esprit-là. Au début, c'était fait dans un esprit militant, nécessaire à l'époque, pour répondre de façon virulente à l'homophobie ambiante. Mon but a toujours été d'accompagner les aspects plus choquants de mes histoires d'un vrai propos. Aujourd'hui, les valeurs conservatrices ont pris le dessus, parfois à l'intérieur même du mouvement gai. Comme le dit John Waters, être homosexuel ne suffit pas. Il faut aussi avoir des choses à dire, trouver des manières de traiter des sujets différents.

Q : Gerontophilia est un film produit en grande partie au Québec et vous l'avez tourné à Montréal. Pourquoi?

R : Il y a deux raisons. La première est d'ordre financier. Au Canada anglais, ce projet n'a trouvé aucun écho. Au Québec, on y a prêté attention. Il y a aussi que je suis un grand admirateur du cinéma québécois, particulièrement celui des années 70. En tournant mon film à Montréal, j'ai eu l'impression d'en partager la communauté d'esprit.

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Gerontophilia, ce soir, 21 h, à Excentris. En version originale anglaise.