Librement inspiré du roman québécois de Jean-François Beauchemin et présenté dans la section Les p'tits loups du FNC, Le jour des corneilles est un film d'animation dont le thème central est le désir d'un fils d'être aimé par son père. La Presse en a discuté avec le réalisateur Jean-Christophe Dessaint.

Dans une forêt d'apparence hostile, un garçon avec trois poils sur le crâne grandit en retrait de la civilisation. Vivant avec un père bourru, le petit Courge peine à nommer les sentiments qui l'animent.

Le désir d'un fils d'être aimé par son père est au coeur du long métrage d'animation Le jour des corneilles que le réalisateur français Jean-Christophe Dessaint a réalisé en s'inspirant du roman éponyme du Québécois Jean-François Beauchemin.

«À la base, le roman ne s'adressait pas aux enfants. C'était même un livre assez dur pour les adultes, dit le réalisateur, rencontré au Festival international du film francophone de Namur. Mais, au coeur de ce roman, il y a cette notion très forte d'un personnage en quête de l'amour de son père. Dans le livre, ce personnage est un adulte. Pour la transposition à l'écran, nous voulions que cette quête se fasse au premier degré, à l'image d'un enfant n'ayant pas de repères. Il cherche l'amour à la manière d'un animal qui chasse quelque chose de concret, de palpable.»

Cette idée, très visuelle, a été le déclencheur du scénario, dit M. Dessaint. Et comme on voulait faire un film d'animation pour jeune public, on a fait du personnage central un enfant. Un bambin sympathique dont le monde est peuplé de personnages mystiques.

«Comme il est coupé du monde, Courge a cette faculté de voir passer ces êtres fantastiques, dit M. Dessaint. Les animaux de la forêt sont ses seuls repères et meublent son quotidien.»

C'est à la suite d'une blessure subie par son père que Courge découvrira le monde des humains. Et une autre façon de vivre.

La marque Québec

Le film est porté par des voix connues. Lorànt Deutsch est le fils Courge et Jean Reno, son père. Isabelle Carré est Manon, Claude Chabrol, le docteur, et Bruno Podalydès, l'infirmier.

Le Québec est très présent dans l'oeuvre en raison de la participation de Max Films. Des animateurs du Québec, de Toronto et de Calgary ont donné vie aux personnages.

M. Dessaint a aussi de bons mots pour Simon Leclerc, auteur de la trame musicale. «Il a fait une musique magnifique, majestueuse. Il s'est investi avec tout son talent. Pour nous, ce fut une des plus grosses surprises», dit-il.

Du cinéma d'animation, M. Dessaint apprécie «l'immédiateté». «Ça commence avec une feuille de papier, un crayon et, très rapidement, on peut inventer une histoire et faire vivre des personnages. C'est le chemin le plus court entre ce que l'on ressent et ce qu'on pose sur le papier.»

La voix de Claude Chabrol

En 2010 à Paris, le réalisateur et comédien Claude Chabrol avait, quelques mois avant sa mort, prêté sa voix au bon docteur du village dans Le jour des corneilles. «Nous cherchions une voix chaleureuse, humaniste, quelqu'un en mesure de dire des choses profondes avec des mots simples, dit M. Dessaint. La voix de Chabrol correspondait parfaitement au personnage du docteur.» Comme dans bien des films d'animation, les voix ont été enregistrées avant de faire le film. C'est le ton et la modulation de la voix qui permettent de construire la mise en scène. M. Chabrol a donc joué le docteur, mais n'a jamais vu le résultat à l'écran. «Il avait été très ému par l'histoire. C'était la première fois qu'il prêtait sa voix à une animation», dit M. Dessaint.

Le jour des corneilles, au Théâtre Outremont, dimanche, 13 h, et le vendredi 19 octobre, 9 h 30. Le film sort en salle le 19 octobre.