Même si elle n'avait pas le faste d'antan, la soirée d'ouverture du FFM s'est quand même déroulée honorablement. Il y avait une file d'attente, quelques invités, et un public fidèle dans la salle du cinéma Impérial. Ils y étaient tous pour voir le film japonais Samurai's Promise, mais aussi pour exprimer leur soutien à Serge Losique.

Est-ce un hasard si Serge Losique a choisi un film de samouraïs pour ouvrir son 42e festival? Peut-être pas. La mission dont il se sent investi relève presque du même ordre. On ne s'étonne même plus de retrouver, année après année, le guerrier au front, à défendre le cinéma venu d'ailleurs, coûte que coûte.

«Le festival est une grande cathédrale ouverte à tout le monde, a-t-il déclaré sur la scène du cinéma Impérial. Notre rôle n'a jamais été d'imiter les autres, mais d'être nous-mêmes. Tout ce que nous avons voulu, c'est que les professionnels et le public apprécient les films. On nous reproche parfois le manque de vedettes, mais plusieurs des acteurs que vous verrez dans ces oeuvres sont des vedettes dans leur pays d'origine!»

Au cours de son allocution («Je n'ai jamais préparé de discours, je préfère le naturel, comme au cinéma», précise-t-il), le grand manitou du FFM a profité de l'occasion pour annoncer l'identité des membres du jury, ainsi que la mise en vigueur d'une règle qu'il compte suivre pour les éditions subséquentes. Dorénavant, le président devra obligatoirement avoir remporté le Grand Prix des Amériques - la récompense suprême - à l'un ou l'autre moment de l'histoire du festival. Ainsi, le cinéaste Silvio Caiozzi, lauréat du trophée l'an dernier grâce à Et tout à coup à l'aube, assumera la présidence du jury cette année.

«J'en suis très honoré, a déclaré le cinéaste. Depuis le début, ce festival n'a fait que célébrer l'excellence. Trop de festivals misent sur les vedettes plutôt que sur la qualité des oeuvres.» 

«Le FFM demeure peut-être le seul festival à rester absolument indépendant, sans devoir répondre à des impératifs commerciaux ou aux pressions des distributeurs.»

Présent à Montréal, le président sera appuyé dans sa tâche par le critique québécois Élie Castiel, ainsi que par trois jurés à distance. Pierre-Henri Deleau, ami de toujours de Serge Losique et directeur de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes pendant 30 ans, un ancien dirigeant du China Film Group Corporation ainsi qu'un autre juré dont l'identité sera dévoilée plus tard verront les films grâce à des liens de visionnement en ligne.

Le jury aura la tâche de départager les 24 longs métrages de la compétition mondiale.

Un mélo nippon

Serge Losique a aussi tenu à rendre hommage à Akira Kurosawa. Le réalisateur des Sept samouraïs et de Kagemusha reste, à son avis, le plus grand cinéaste de l'histoire du cinéma. Aussi a-t-il fait un lien avec Samurai's Promise, le film présenté hier soir, en lice pour le Grand Prix des Amériques. Réalisé par Daisaku Kimura, un vétéran qui signe ici un troisième long métrage à titre de réalisateur après avoir été directeur photo pour plus de 50 films, Samurai's Promise est un film esthétiquement soigné - comme l'étaient les films de Kurosawa -, mais ces qualités artistiques ne peuvent masquer les carences sur le plan narratif ni la rigidité de la direction d'acteurs.

Cette histoire, campée dans le Japon du XVIIIe siècle, d'un samouraï qui doit tendre la main à un clan rival est parsemée d'éléments mélodramatiques et de morts théâtrales, que vient souligner à gros traits une trame musicale parfois beaucoup trop insistante.

Rencontré avant la projection, le producteur Roger Frappier, qui dit avoir assisté à une trentaine de soirées d'ouverture du FFM au fil des ans, ne cachait pas son admiration devant l'obstination du fondateur.

«Je ne sais pas si on peut comparer Serge Losique à Don Quichotte, mais ça me jette à terre de le voir organiser ça tout seul. Et il sera le seul à décider de la suite des choses.»

Le 42e Festival des films du monde se poursuit jusqu'au 3 septembre.

Photo Olivier Pontbriand, LA Presse

Le producteur Roger Frappier et l'animatrice Francine Grimaldi, notamment, étaient présents à la soirée d'ouverture.