Neuf ans après Ben X, le cinéaste belge Nic Balthazar est venu présenter Everybody Happy en amoureux du public montréalais. Par ailleurs, Isabelle Adjani est maintenant attendue dimanche prochain.

C'était en 2007. Sur la scène du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, un cinéaste belge - complètement inconnu 10 jours plus tôt - recevait des mains du président du jury (le producteur James B. Harris) le Grand Prix des Amériques. Son film, Ben X, avait été l'un des vrais coups de coeur de la presse et du public. La récompense suprême du festival, qu'il a obtenue ex aequo avec Un secret (très beau film du regretté Claude Miller), lui était pratiquement attribuée d'emblée, tellement elle relevait de l'évidence. Pour couronner le tout, Ben X a aussi reçu le prix du film favori du public, ainsi que celui remis par le jury oecuménique.

«C'est trop d'honneurs! avait-il alors déclaré en prenant la parole. Je suis complètement amoureux de vous. Je veux me marier avec vous!»

Neuf ans plus tard, le fiancé est de retour pour lancer au FFM son troisième long métrage, Everybody Happy, inscrit dans la compétition mondiale.

Les sièges vides se faisaient d'ailleurs rares au cinéma Impérial. Avant la présentation du film, en primeur mondiale, le réalisateur flamand a bien entendu rappelé l'histoire d'amour qui le lie à la métropole québécoise.

«Cette salle a changé ma vie. VOUS avez changé ma vie; le FFM a changé ma vie. La présentation de Ben X a changé la carrière du film. Il a été vendu ensuite dans 52 pays. Et ça, c'est grâce à vous.»

En regardant le public droit dans les yeux, le cinéaste a évidemment évoqué aussi la nouvelle réalité d'un festival qui connaît des ennuis majeurs cette année.

«Il y a des rumeurs de problèmes; moi, je n'en vois pas. Parce que ce que je vois, c'est l'essentiel: un public qui aime le cinéma.» Nic Balthazar a aussi tenu à remercier ceux qui travaillent «jour et nuit» pour assurer la continuité du festival. «C'est très émouvant», a-t-il conclu.

Un questionnement existentiel

Everybody Happy n'a pas la puissance du film qui a fait connaître le cinéaste, mais il recèle néanmoins un questionnement qui, en cette époque, trouve assurément un écho.

Peter Van den Begin, formidable, se glisse dans la peau d'un humoriste vétéran, en pleine crise existentielle, qui a du mal à retrouver l'inspiration d'origine, tout autant que la motivation et l'énergie. Le postulat de départ n'est d'ailleurs pas sans rappeler un peu celui de Birdman or (The Unexpected Virtue of Ignorance), le célèbre film d'Iñárritu. D'autant que le protagoniste est bien souvent accompagné par une incarnation humaine de sa conscience, laquelle vient régulièrement lui lancer ses quatre vérités à la figure.

Au fil d'un cheminement existentiel qui s'opère alors que la carrière professionnelle suit quand même son cours, l'humoriste remettra en jeu quelques questions essentielles. Ce qui apparaîtra comme un cliché au départ (un numéro de ventriloque à travers lequel il peut libérer ses états d'âme) prendra une tournure inattendue, et même très charmante.

Dommage que nous ayons eu droit à un film qui semblait avoir subi un mauvais transfert sur vidéo. La qualité visuelle d'Everybody Happy s'en est ressentie. Hélas!

Un drame intime contemporain

L'autre long métrage de la compétition mondiale présenté hier est un drame contemporain turc, dont l'intrigue est campée dans la bourgeoisie d'Istanbul. Dans Swaying Waterlily, le cinéaste Seren Yüce (Majority) s'immisce dans la vie d'un couple bien nanti, apparemment sans histoires. Il se trouve pourtant que la femme, jeune quadragénaire, ne sait trop comment combler le vide intérieur qu'elle ressent. Pendant que monsieur se laisse aller à ses fantasmes en naviguant sur les sites de rencontres sur l'internet, madame songe à ouvrir un café. Ou peut-être, encore mieux, se mettre à l'écriture. Il se trouve qu'une de ses vieilles connaissances a récemment publié un livre à succès. Aussi se colle-t-elle à cette femme pour, qui sait, emprunter le même chemin. L'exploration de cette amitié, non vraiment partagée, donne d'ailleurs lieu à des situations pour le moins éloquentes.

Avec tout ce qui se passe présentement en Turquie, on ne peut s'empêcher de se demander quel sort subiraient ces gens aujourd'hui.

La visite d'Isabelle Adjani retardée

La présentation de Carole Matthieu, prévue hier soir, n'a pas eu lieu. Elle sera reprogrammée le 4 septembre, à la demande d'Isabelle Adjani, a-t-on appris par le bureau du festival. L'actrice, dont la visite a été annoncée à un moment où le FFM devait se dérouler normalement, sera en principe présente dimanche prochain afin d'accompagner la présentation de ce drame réalisé par Louis-Julien Petit, qui s'est déjà fait remarquer grâce à sa comédie sociale Discount (inédite au Québec). L'actrice, lauréate de cinq trophées César, incarne une médecin, spécialisée en milieu de travail.

Par ailleurs, il convient de conseiller aux festivaliers de visiter fréquemment le site web du FFM. L'horaire est quotidiennement mis à jour, sujet à de nombreux changements. À notre dernière vérification hier soir, la séance de Carole Matthieu n'était toujours pas inscrite au programme.